"Panthère ou léopard ? " : Savon au benjoin et à la sandaraque
Le jour où j'ai fabriqué ce savon, je ne savais pas que la ménagerie sauvage allait s'agrandir.
Il y a eu le jour où j'ai ouvert ça et j'avais rapidement crayonné sur mon carnet de quoi m'en souvenir un jour.
Et ce jour est arrivé !
Quelles huiles saponifier ?
Il me faudrait une formule qui ne trace pas trop vite car il y aura beaucoup de manipulations à faire à la trace.
Je reprends la formule du savon du débutant dans laquelle l'huile de tournesol sera remplacée par un mélange d'huiles d'olive et de colza.
Le colza à 20% diffère légèrement l'arrivée de la trace, détail essentiel avec la très fine trace pour faire les dessins du pelage.
On ne change pas une équipe qui gagne !
Comment obtenir un fond fauve ?
Il me reste encore des feuilles de patchouli offertes par Mlk. L'odeur de l'infusion persiste dans le savon si on corse un peu le parfum grâce à l'huile essentielle.
La couleur marron de l'infusion résiste à la soude et devrait éclaircir légèrement au cours de la saponification pour devenir un peu fauve.
Comment réaliser les tâches du pelage ?
L'argile jaune donnera les grandes tâches. Une fois saponifiée, je trouve qu'elle donne une couleur caramel très réussie.
Pour entourer ces tâches claires, je choisis de la poudre de cacao qui donnera un marron très foncé.
Je prépare donc un bol avec une cuillère à entremet d'argile jaune et un autre bol avec la même quantité de poudre de cacao bio (A posteriori, je pense qu'une demie cuillère de chaque suffirait).
Les deux poudres seront diluées dans de l'eau chaude pour obtenir des fluides et non des pâtes que je trouve plus difficiles à incorporer ensuite au savon.
Comme je pratique presque toujours une réduction d'eau, je ne me fais aucun souci pour la quantité de liquide rajouté aux poudres.
Le procédé de réduction d'eau ne concerne que les savonniers expérimentés.
Encore appelé DWCP (Discount Water Cold Process), il permet de diluer la soude dans le minimum de liquide requis, ce qui donne une solution de soude extrêmement concentrée donc plus dangereuse à manipuler pour qui n'est pas rigoureux.
L'un des avantages certains est que le savon a besoin de moins de temps de repos pour sécher, ce qui est un plus quand on doit les emballer et les offrir rapidement.
Je les laisse néanmoins vieillir puisque je trouve les vieux savons bien plus doux à la peau.
Pour plus d'explications sur le DWCP, lisez attentivement le résumé sur l'excellent blog de Zenbiloba malheureusement à l'abandon.
Je vous exhorte à le lire, le relire , lire et relire les commentaires et les liens avant de vous y lancer.
Comment parfumer ?
Les panthères ou léopards ont beau être des animaux sublimes, ils ne doivent pas sentir bien bon. Comme tous les animaux d'ailleurs...
Je choisis donc de ne pas utiliser d'huiles essentielles, d'autant plus qu'il y aura assez de besogne à la trace.
Mais on a beau être libre et sauvage, on peut quand même chercher à garder un léger parfum même musqué...
Je dégaine ma résine de benjoin péruvien offerte par Malegria et de la gomme sandaraque ramenée de Belgique (Droguerie Le Lion).
Rien que ce nom de résine m'emporte au loin dans des contrées proches du Sahara. En plus, comme la droguerie porte un nom d'animal sauvage africain, ne me cherchez pas, je suis déjà partie !
Hi, hi, hi, qu'est-ce que je dis comme bêtises pour vous tenir en haleine !
Bref je disais donc que je les (je parle des résines hein...) ai pulvérisées finement au moulin à café électrique et non au mortier...
J'y avais laissé mon pilon de verre la dernière fois que j'ai cherché à pulvériser de l'encens offert par Venezia.
Le benjoin est réputé comme fixateur des senteurs.
Quant à la gomme sandaraque, je ne pense pas qu'elle ait des propriétés pour la peau.
Elle est utilisée en fumigations et pour fabriquer de la laque pour les meubles. D'où la Droguerie, vous suivez ?
Elle ne sent pas grand chose en larmes mais développe son parfum une fois diluée en teinture ou brûlée.
Les deux résines ont laissé au séchage un léger moucheté dans la pâte à savon. C'est joli...
Quelques infos sur les résines
La formule ?
- 31% huile de coco indienne
- 27% huile de palme bio
- 22% huile d'olive bio
- 20% huile de colza bio
Soude et infusion de feuilles de patchouli en glaçons pour un surgras de 7%
- 2 cuillères à entremet de poudres de résines de benjoin et sandaraque pour 1.5kg d'huiles
- 1 cuill. entremet d'argile jaune
- 1 cuill. entremet de poudre de cacao bio
pour former le pelage. Une demie cuillère devrait permettre un motif plus plat.
La saponification est réalisée vers 40° et je malaxe avec une spatule juste assez longtemps pour que le mélange soude/huile soit homogène.
Je prélève quelques cuillères de pâte encore très fluide que je verse dans chaque coupe de solution d'argile et cacao sans mélanger. Je les laisse de côté.
Une fois la trace extrêmement fine arrivée, je coule la pâte dans un moule rectangulaire que je tapote pour bien en aplanir la surface.
Je mélange ensuite la pâte et l'argile jaune avec une cuillère à café en inox jusqu'à la trace qui arrive très vite.
Je forme des ronds jaunes irréguliers à la surface.
Je mélange la pâte et la poudre de cacao et à l'aide d'une toute petite cuillère en inox, je forme des tâches marrons autour des tâches jaunes.
Je tape encore le moule pour tout aplanir à nouveau et je laisse tranquille pendant 24 heures non sans avoir tenté de rameuter mon jeune public pour voir la merveille. Comme personne ne semble bluffé, je me réjouis toute seule.
Environ une heure après avoir coulé la pâte, à travers les parois du moule, j'ai vu une phase de gel débuter.
J'ai immédiatement isolé le moule dans le four éteint dont l'inertie thermique permet de garder la chaleur produite par la réaction de saponification. Comme convenu, la phase de gel a gagné toute la surface du savon.
C'est plus esthétique sauf dans un savon uni où l'on réussit à obtenir un joli halo comme dans le biwil de Blandine.
Avec cette formule, il n'y a vraiment aucun problème pour tout faire tranquillement.
Le procédé ressemble vaguement à celui du "savon des trois filles à la camomille"
Au découpage, on obtient des savonnettes de la savane qui moussent bien et dont le parfum est léger, léger. Peut-être qu'en séchant, ça viendra ?
Les couleurs sont plus "vertes" que jaunes. C'est quasi devenu le savon camouflé pour les forces armées. Je regrette juste que le camouflage soit en relief, preuve qu'il y a peut-être un peu trop de poudres (argile et cacao)
J'adore voyager en savonnant ! Pas vous ?