Familles biochimiques des huiles essentielles et leurs actions thérapeutiques
Dans la série "Les huiles essentielles : les indispensables...", et pour compléter les informations plus générales relatives aux huiles essentielles, vous trouverez ci-dessous les familles biochimiques des huiles essentielles avec leurs effets thérapeutiques.
Les familles biochimiques peuvent paraitre un peu complexes à lire et à comprendre.
Toutes les informations ne sont pas à apprendre par coeur mais pour vous rappeler que les huiles essentielles sont extrêmement puissantes et que leurs principes actifs ne sont pas anodins et peuvent parfois être dangereux si méconnus ou mal utilisés.
Les huiles essentielles sont composées de composants aromatiques qui sont des molécules chimiquement définies. Ce sont ces éléments chimiques qui confèrent aux huiles essentielles leurs caractéristiques thérapeutiques.
En fait, une huile essentielle peut contenir des centaines de composés. Par exemple, il y a encore peu de temps, on pensait que l’huile essentielle de lavande officinale comptait plus de 300 composés chimiques. Maintenant, il est prouvé qu’elle est constituée de plus de 1000 composés différents comme nous le précise Pierre Franchomme ici.
Cet article sera en deux parties pour ne pas vous assommer complètement d’un coup...
Les acides
Ils se trouvent généralement à l’état de traces dans les huiles essentielles, la majeure partie se retrouvant sous la forme combinée d’esters.
Étant très solubles, ils se retrouvent davantage dans les eaux de distillation (hydrosols). Cependant, certaines huiles essentielles en contiennent jusqu’à 30%.
Propriétés générales :
anti-inflammatoires - sédatifs - hépatostimulants - cicatrisants
Quelques huiles essentielles :
citron - genévrier - géranium...
Les aldéhydes aromatiques
Les aldéhydes aromatiques sont des molécules parmi les plus puissantes des huiles essentielles pour traiter des pathologies microbiennes, virales, fongiques et parasitaires importantes. Cette forte activité est réservée aux cas difficiles, aux échecs avec d’autres huiles essentielles.
Ils sont interdits aux enfants de moins de 5 ans.
Ils comprennent le cinnamaldéhyde (écorce de cannelle) et le cuminaldéhyde (cumin).
Le premier est un redoutable anti-infectieux, un tonique admirable et un aphrodisiaque reconnu. Attention, il est dermocaustique.
Le deuxième possède des propriétés sédatives remarquables, carminative efficace.
Les aldéhydes aromatiques ne présentent pas de toxicité importante aux doses thérapeutiques. Cependant, pas d’utilisation pure sur la peau et les diluer à une concentration de 10 % maximum dans 90 % d’huile végétale.
Propriétés générales :
anti-infectieux puissant à large spectre -antibactérien - antiviral - antifongique - antiparasitaire - stimulant immunitaire - tonique général antiviral - calmant et stupéfiant - hyperémiant - anti-inflammatoire
Quelques huiles essentielles :
cannelle de Chine et cannelle de Ceylan - cumin - verveine citronnée...
Les aldéhydes terpéniques
Les aldéhydes terpéniques sont des anti-inflammatoires très puissants et fiables.
Ils sont calmants, antalgiques et hyperémiants, mais peuvent être irritants pour la peau et les muqueuses ce qui explique parfois l’action lacrymogène ou tussigène surtout pour les personnes sujettes aux allergies.
C’est pour cela que les huiles essentielles contenant des aldéhydes terpéniques ne peuvent être utilisées pures, il faut les diluer au minimum à une concentration de 50 % pour les adultes et 10 % maximum dans 90 % d’huile végétale pour les enfants de plus de 10 ans.
L’irritation que peuvent induire ces molécules varie fortement d’une huile essentielle à l’autre. Elle est fonction du type d’aldéhyde et de sa concentration dans l’huile essentielle.
L’activité anti-inflammatoire et sédative de cette famille biochimique oriente leur emploi vers des pathologies rhumatismales, articulaires et tendineuses sans oublier toutes les pathologies affectant le système nerveux.
Propriétés générales :
anti-inflammatoire, hypotensif, calmant et sédatif, stomachique et eupeptique, antibactérien, antifongique, antiviral.
Quelques huiles essentielles :
eucalyptus citronné, citronnelle de Java, petit grain bergamote...
Les coumarines
Malgré leur faible concentration dans les huiles essentielles, les coumarines possèdent une grande puissance d’action. Les coumarines possèdent un tropisme nerveux (effet sédatif majeur) et sanguin (activité anticoagulante).
L’action anticonvulsivante des coumarines sera utilisée en association avec les esters et les éthers.
Chez l’homme, la coumarine pure peut entraîner des hémorragies, mais cet effet reste du domaine de l’expérimentation puisque cette molécule n’est présente dans les huiles essentielles qu’à très faible dose.
Par contre, qu’elles soient appliquées sur la peau ou prises par la bouche, les furocoumarines et les pyrocoumarines sont des molécules photosensibilisantes. Cet effet indésirable se manifeste lors d’une exposition au soleil dans les heures qui suivent l’utilisation de l’huile essentielle et peut être à l’origine d’un processus carcinogénique.
Propriétés générales :
sédatifs majeurs, anticonvulsivants, anticoagulants, hypotensifs, hypothermisantes, antispasmodiques,(seulement dans le cas des esters et des éthers coumariniques comme la visnagine d’ammi visnaga), anti-infectieux.
Quelques huiles essentielles :
khella, lavande officinale, estragon...
Les esters
Ils ont une action antispasmodique, calmante, rééquilibrante du système nerveux et anti-inflammatoire.
Propriétés générales :
antispasmodique, calmant général, hypotenseur, anti-inflammatoire, antalgique.
Les esters ne sont pas toxiques et présentent de ce fait une facilité certaine pour leur emploi en aromathérapie.
Toutes les voies d’administration peuvent s’envisager sans le moindre problème. Le thérapeute veillera malgré tout à diluer les huiles essentielles très riches en esters terpéniques si une administration par voie cutanée sur une longue période et sur une peau très sensible a été retenue.
L’activité spasmolytique au niveau central, neurotrope et musculotrope associée à l’effet anti-inflammatoire définissent clairement le champ d’action thérapeutique des huiles essentielles riches en esters terpéniques : spasmes de toute étiologie et dystonies neurovégétatives de tout type.
Quelques huiles essentielles :
Lavande officinale, petit grain bigarade, camomille noble...
Les éther-oxydes
Ils sont en relation étroite avec les phénols méthyl-éthers. Ils sont antiparasitaires, toniques aux doses prescrites, mais toxiques au-delà des doses physiologiques. En usage externe, ils sont antalgiques et antispasmodiques.
Au-delà des doses physiologiques, les éther-oxydes deviennent stupéfiants, voire franchement toxiques. Le safrole a un effet carcinogène hépatique chez le rat, mais cet effet n’est pas reproductible chez l’homme.
La myristicine prise en excès induit des phénomènes hallucinatoires (transformation biochimique produisant des molécules semblables à l’amphétamine).
A des doses plus élevées encore, des crises convulsives, voire le décès, peuvent survenir. A doses excessives, l’apiole engendre, après une phase de surexcitation, des symptômes similaires à ceux de l’ivresse alcoolique.
Myristicine et apiole sont abortifs.
Propriétés générales :
toniques et stimulants, antibactériens, antiparasitaires, stimulants des glandes exocrines, surtout digestives, antalgiques et antispasmodiques (voie externe)
Quelques huiles essentielles :
persil, muscade, sassafras
Les lactones
Les lactones sont d'excellents mucolytiques et de puissants expectorants. Ils sont aussi bactéricides et fongicides, mais peuvent provoquer des allergies en usage percutané.
Les lactones stimulent les sécrétions digestives et la production de bile par les cellules hépatiques.
La toxicité des lactones est toute relative en raison de leur faible pourcentage dans les huiles essentielles.
Vraiment intéressantes, par contre, certaines huiles essentielles contenant majoritairement ces constituants sont à employer avec précaution par voie interne, la voie cutanée étant à proscrire en raison des risques allergiques qui y sont liés, en particulier avec l’huile essentielle massoia.
Les lactones sont toxiques à dose élevée.
Propriétés générales :
mucolytique, expectorante, antibactérien, antifongique, anthelminthique, antimalarique, hépatostimulant, antitumorale, antispasmodique, allergisantes par voie cutanée, tonique digestif, cholagogue et cholérétique.
Quelques huiles essentielles :
achillée millefeuille, ciste ladanifère, inule odorant...