Baume de massage aux jeunes pousses de sapin
Aroma beauté, bien-etre et santé
Par atelierdemichele
La cueillette de jeunes pousses de sapin au bout du chemin a été presque un peu tardive.
Je venais de lire le bouquin de Christophe Bernard dont Venezia a vanté les mérites et du coup, les doigts me démangeaient.
Le coin où je récolte les feuilles de consoude se trouve à proximité de deux beaux sapins dont les jeunes pousses menaçaient de grandir dans la nuit si je ne revenais pas de suite les cueillir.
En rentrant, juste avant que l'orage nous menace, j'ai avisé un ramasseur grognon (ça ne change pas avec l'âge ces bêtes là) et nous voilà sous le sapin qui déborde côté forêt.
Nous avons cueilli les plus petites pousses (moins de 3 cm de long).
Il s'agit d'un baume de massage plaisir qui peut décontracter les muscles, détendre les pieds douloureux, délasser les mains des travailleurs manuels, abaisser des épaules tendues, assouplir une nuque radie par le stress ...
Il existe de nombreux ouvrages et même quelques vidéos sur internet permettant de pratiquer des auto-massages avec les mots clés : do-in, auto-massage.
Ils sont faciles, rapides à mémoriser, peuvent se faire à sec ou habillé mais avec le bon baume, on peut aller loin.
La formule du baume aux jeunes pousses de sapin
61g Huiles de son de riz et soja raffiné macérées aux jeunes pousses de sapin
20g Beurre de karité du Bénin macéré aux feuilles de consoude
10g Cire d'abeille de l'apiculteur (très pâle)
5g Alcool cétéarylique
3.5g Huiles essentielles
0.5g Vitamine E
Le parfum s'affine lentement ainsi que la texture car j'ai ajouté de l'alcool cétéarylique pour sophistiquer le toucher cosmétique.
Idéalement ce baume s'utilisera au moins 10 jours après fabrication.
Mélange d'HE (en gouttes)
30 Orange douce* (Sevessence)
20 Sapin géant (Nugier)
20 Pruche (Myrtea Oshadi)
15 Romarin officinal cinéole (Herdade de Vale Côvo)
10 Lavande fine altitude (Florame)
10 Muscade (Néroliane)
* L'essence d'orange douce est photosensibilisante. Ne pas appliquer avant une exposition solaire.
Les baumes à la cire de l'apiculteur me semblent bénéficier grandement de l'ajout d'un peu d'alcools gras (alcool cétéarylique) qui de 2 à 5% de la formule sont de grands perfecteurs de texture :
. onctuosité majorée
. pénétration affinée
. parfum plus régulier tout au long du massage.
Le lendemain de la préparation
Le macérat huileux de jeunes pousses de sapin
Il y a peu de littérature en France sur les macérats huileux de jeunes pousses de conifères mais l'on trouve des recettes culinaires comme cette recette de sirop de jeunes pousses de sapin.
Curieusement personne n'indique qu'une liqueur de jeunes pousses à boire avec modération commence exactement comme une teinture de plante ;)
Outre Atlantique l'on retrouve de nombreuses recettes d'huile infusée de jeunes pousses ou de bourgeons de pins/sapins : ici, ici, ici, ici
Ces huiles sont utilisées en cuisine ou pour faire des baumes thérapeutiques.
Tous les pins et sapins servent dans ces onguents.
J'ai suivi certaines des indications de Christophe Bernard pour réaliser ce macérat huileux par intermédiaire alcoolique (page 116) :
- Briser le matériau végétal en menus morceaux.
Il préconise de les pulvériser au blender. Je suppose que cela n'est valable que pour des plantes sèches mais je préfère hacher très finement les jeunes pousses fraîches au couteau.
- Humecter les plantes d'alcool à 96°C (merci Nanette!) lentement et sans excès puis laisser en contact pendant 2h.
L'alcool ne doit pas couler si l'on presse les plantes.
- Verser de l'huile contenant 1 capsule de vitamine E sur les plantes alcoolisées. Christophe Bernard indique quelles proportions de plantes et d'alcool il faut.
En cosmétique, je pense inutile de mesurer ce ratio huile/plantes.
On fait les macérats de façon empirique, je préfère faire des triples macérations avec à chaque fois de nouvelles plantes.
Je ne pense pas que l'on arrive si vite à saturation de l'huile dès la première macération. Il suffit d'ailleurs lorsque le macérat se colore, de voir ce coloris s'intensifier à chaque filtration.
- Mixer le mélange huiles/plantes fraîches alcoolisées au mixer à pied.
Cela me semble plus efficace et plus pratique de procéder ainsi pour des plantes fraîches plutôt que de les passer systématiquement au blender.
- Mettre au bain marie doux pendant 2 h en mélangeant régulièrement.
J'ai fait 3 macérations successives en changeant les plantes à chaque fois mais je suis déçue par le parfum final qui est quasiment inexistant alors que l'huile s'est bien colorée.
Le terroir sur lequel pousse ce sapin n'est pas à proprement parler un terroir à sapins (trop d'eau, pas tellement de neige, pas d'altitude).
Il se peut que mes jeunes pousses ne soient pas très concentrées en huile essentielle et que l'on obtienne de meilleurs résultats au Canada ou dans les Vosges n'est-ce pas?
Néanmoins j'utilise une bonne huile de son de riz offerte par ma copine Mlk qui a toujours fait intuitivement ses macérats huileux ou glycérinés en passant les plantes à l'alcool avant l'huile.
On voit bien le changement de coloration de l'huile après macération
Le beurre de karité à la consoude
Un peu déçue par le parfum de mon huile de jeunes pousses de sapin ... mais je peux le rattraper avec des huiles essentielles de conifères.
J'ai voulu en corser la couleur par un beurre vert.
Mes feuilles de consoude sont récoltées au pied de ce sapin, je les ai à peine laissées sécher quelques heures puis mises à macérer dans du beurre de karité du Bénin.
Le beurre de karité macéré aux feuilles de consoude
Les feuilles de consoude n'ont pas besoin d'être longtemps séchées; elles se racornissent très vite, passant d'une souplesse molle à un aspect craquant très surprenant.
Je les ai froissées pour les briser et mouillées d'alcool quelques heures avant de les mettre à macérer dans le beurre fondu. La température a suffi à vaporiser le peu d'alcool résiduel.
Elles ont coloré le karité en un rien de temps au rice-cooker position réchauffage pendant 2h.
Ne pouvant pas y passer du temps, j'ai testé ainsi pendant que je bossais mais la couleur aurait été plus foncée si j'avais pu faire une triple macération.
Ce beurre de karité à la consoude peut s'utiliser tel quel pour masser des zones musculaires ou articulaires douloureuses. Le beurre de karité a des usages traditionnels comme antalgique des muscles et des articulations; La synergie avec la consoude est évidente.
Les baumes à la consoude sont efficaces sur les douleurs musculaires et articulaires ainsi que sur les ecchymoses. L'on utilise généralement les feuilles qui ne posent pas de problèmes en usage externe par rapport aux racines dont la richesse en pyrrolizidines hépatotoxiques est contre-indiquée en usage interne. Christophe Bernard les évite aussi surtout en interne bien sûr.
Source
Je trouve que c'est là l'occasion de redire combien il est important parfois d'utiliser la phytothérapie.
L'aroma n'est pas forcément incontournable même si j'adore ça et je milite un peu pour éviter l'auto-médication aromathérapeutique par voie orale sans avis médical ou pharmaceutique .
Florilège de mes manipulations botaniques du jour
Formule générale d'un baume de massage affiné aux plantes médicinales
5% alcools gras ou acides gras purs (alcool cétylique, alcool cétéarylique, acide stéarique, cétyls esters, cetyl palmitate...)
10% cire d'abeille
20% beurre végétal macéré aux plantes
61% huile végétale macérée aux plantes
3.5% HE
0.5% vitamine E
. Si l'on préfère ne pas mettre d'HE, il suffit d'ajouter les 3.5% en macérat huileux, extraits CO2...
. Si l'on n'a pas d'alcools gras, il suffit de rajouter 5% de beurre végétal pour un baume souple ou 5% de cire si l'on préfère un baume plus ferme.
Peser les ingrédients sauf la vit E et les HE, mettre à fondre au bain marie en mélangeant continuellement à la spatule en silicone souple réchauffée.
Retirer du bain marie et continuer à mélanger quelques instants sans attendre la prise du baume.
Ajouter HE et vit E, mélanger et couler immédiatement en pots.
Étiqueter et fermer une fois le baume froid.
J'ai adoré faire ces macérations et ce baume.
Merci Venezia pour ton article alléchant même si j'ai trop parlé sur ce message du coup !
- C'est ingénieux Mlk comme idée. En plus c'est une bonne idée pour les personnes qui n'ont pas de jardin ou qui ne peuvent pas cueillir dans le sauvage.
- Nanette,
Oui le mélange calendula-consoude marcherait bien dans cette indication.
Je te recherche le baume que j'avais vu pour t'inspirer mais peut-être le connais-tu déjà :
http://www.aroma-zen.com/therapies-naturelles/phytotherapie/baume-collyre-teinturemere/baume-grande-consoude-herbalgem-p-290.html
Tu peux hacher tes pétales de calendula et ta consoude, les humecter d'alcool à 96° ou 90° puis mettre à macérer dans l'huile.
Dans le baume ci dessus, ils mettent huile d'olive, huile d'arnica (mais tu peux omettre si tu n'as pas), huile de millepertuis,
L'huile d'olive peut servir de support pour ton macérat.
Tu peux y mettre des extraits CO2 si tu en as (calendula, arnica) par exemple, ça corse un peu le macérat.
J'ai regardé la naturalis mais je pense que ça va chauffer beaucoup trop pour une macération. Je pense que le bain marie est plus indiqué.
- Sylvie, oui du bon romarin de la garrigue, j'en veux bien tu penses!
- Sabrinak, je vous mets en contact Nanette et toi, j'adore ces chaines d'amitié!Puisque l'on est plongées dans nos macérats divers et variés, j'envoie de suite le message sur l'extrait de pivoine, histoire que S4brin4ak puisse utiliser ses pétales avant qu'elles ne fanent
http://www.potions-et-chaudron.com/archives/2015/06/10/32111590.htmlJ'ai déjà le macérat de calendula sur huile d'olive, il est bien orange, il ne me manque plus que le karité macéré à la consoude, et je vais copier ta recette de baume au sapin pour la texture. J'ai en effet du co² de calendula, et je voulais mettre du bisabolol. Et pourquoi pas, faire ton extrait avec du calendula et le rajouter. Ca va cicatriser avant même de l'appliquer tout ça dit donc!!!!! Je n'ose pas le millepertuis car je crois qu'il ne faut pas l'appliquer en plein jour. Et l'arnicas, je n'y aurais pas pensé, je pensais que c'était que pour les hématomes...
Merci pour ton lien Michèle
Voilà j ai fait deux macérâts avec du karité ,un au millepertuis qui est bien rouge ,je le mettrai dans un baume tout millepertuis pour les coups de soleil et brûlures et pour ceux qui ont le moral en berne 😕
Le second est fait avec des calendulas, pour un baume pour soigner les blessures légères ,et pourquoi pas l intégrer da ns un lait à appliquer après la mer ,après le soleil quoi 😀
L un et l autre ont une très belle couleur ,c est super ...- Sylvie,
La fonction cuisson est trop forte en effet pour les macérations. Il faut une chaleur douce quand même.
J'adore tes déclinaisons de karité macéré que l'on peut tout à fait utiliser seul comme un baume. C'est plus pratique je pense qu'une huile. Merci d'avoir testé avec le millepertuis!
- Nanette,
Si tu ne t'exposes pas au soleil avec ton macérat de millepertuis, tu ne risques rien. Dans un baume il sera en plus dilué avec d'autres corps gras et en quantité limitée.
Pour l'arnica, je t'invite à lire ce qu'en dit la fiche technique d'Aromazone fort bien faite :
http://www.aroma-zone.com/info/fiche-technique/extrait-co2-arnica-aroma-zone
C'est donc un anti-douleur des muscles et articulations mais aussi de la peau enflammée donc pour les grattages et écorchures c'est indiqué. Dose prudemment (0.5%) et compte sur la synergie de tous les bons ingrédients que tu y auras mis (consoude, souci, HV et beurres...)
Si tu peux n'hésite pas à prendre des photos et à partager ici, on est friands de ces fabrications végétales
- Sabrinak,
Merci pour les nombreux canadiens qui nous lisent...en silenceVoici les photos du macérat fait par MLK dans un filtre à thé, merci à elle :
http://zupimages.net/viewer.php?id=15/25/ubpa.jpg
http://zupimages.net/viewer.php?id=15/25/p0mt.jpg
http://zupimages.net/viewer.php?id=15/25/k54n.jpg@ Sabrina
Pour ce macérât de soucis sans soucis, j'ai juste filtré avec le sachet de thé.
D'abord grossièrement avec une fine passoire et ensuite plus finement avec le sachet.
La macération s'est faite as usual, dans un bocal et au BM;
Pour les sachets de thés par exemple, tu procèdes comme d'habitude.
Tu peux mettre tes poudres dans ces filtres à thés, en les renforçant par sécurité et tu fais ta macération…alcool et huile.
Je fais une macération au BM.
Mais je fais aussi des teintures de cette façon, en laissant la plante s'épuiser dans de l'alcool.
Michèle avait pensé que les photos seraient parlantes, voire criantes
J'espère avoir répondu à tes interrogations?
@Loulou
Je suis heureuse de te lire par ici
J'ai utilisé le filtre en tissu de Moune l'ingénieure es bien être
C'est super aussi, mais il faut laver car les macérations tâchent et en extrayant le jus, c'est un peu "galère"
Les filtres à thé écolos, sont jetables, résistants et permettent une bonne extraction.
Pour les poudres c'est juste parfaits.
Gros becs
@Nanette
merci Nanette, et le macérât aussi est superbe.Ah voilà, tu parlais de filtration et moi j'ai cru qu'on introduisait une nouvelle façon de macérer lol la honte!
Ça aurait été criant si je n'étais pas une nouvelle née dans ce premier printemps à regarder ce qui pousse, le cueillir et en faire des extractions fascinantes!
Je te remercie pour ta réponse et ta référence.
Moi qui tapissais le fond de ma passeoire de quelques filtres à café éventrés, je trouve que ta méthode a bien de la classe@ MLK : j'ai le livre d'Anny Schneider "Plantes sauvages et médicinales" qui est en effet une des références au Québec. Elle est aussi une immigrée du vieux monde!!!
@ Sabrina : voici une réf. pour des filtres à thé : http://www.amazon.ca/T-Sac-Disposable-Paper-Filter-Count/dp/B001BLCIN4/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1434560037&sr=8-1&keywords=paper+tea+filter
Je pense que tu pourrais aussi en trouver chez Camilla Sinensis à Montréal ou autres boutiques de thé.
Si tu veux juste essayer avant d'en acheter, je peux t'en mettre qq 'uns ds une enveloppe et te les envoyer.Et mille merci @ Loulou pour la référence. Ça tombe pile au moment où mon macérat de soucis "avec" soucis est prêt. Vous êtes des anges.
Puis mlk, ne crois pas que ta façon de faire des teintures soit passée sous le radar, je vais sûrement t'embêter avec ça quand je serai prête, si tu veux bien, évidemment.
Avant d'oublier: les macérats de thés fonctionnent aussi très bien, surtout les thés fermentés. J'ai le souvenir ému d'une macération de thé vert aux fleurs de jasmin. , du commerce équitable et bio au parfum enivrant que j'avais fait il y a un temps certain. On peut même utiliser les infusettes sur filtre non traité. Un macérat de thé de Noël a été ainsi réalisé, et un autre de thé aux fruits rouges, si le sachet ne pète pas, on s'évite les multiples filtrations. Couleur, odeur, et certainement effet sont au RV. Toujours en amorçant à l'alcool. Voilà☺