"HEMPSTER'S DELIGHT" à l'aloe vera
J'avais envie de faire un savon pour tester 3 paramètres :
- la recette donnée par Susan Miller Cavith dans son livre "The soapmaker's companion" page 25 : le HEMPSTER'S DELIGHT à l'huile de chanvre ; je ne suis pas très douée en anglais mais j'ai compris qu'elle affectionnait particulièrement cette huile ; elle recommande cependant de ne pas en utiliser plus de 20 à 30 % du mélange d'huiles car elle est très rancissable.
- l'utilisation dans un savon de l' aloe vera fraîchement cueilli ; j'ai la chance d'avoir un grand nombre de pieds d'aloe qui prolifèrent au bas de mon immeuble et que personne n'a eu la mauvaise idée de supprimer ; il faut dire que cette plante est très prisée, on la surnomme ici "la plante à brûlure" et tous les autochtones connaissent bien ses vertus.
- parfumer mon savon avec un mélange alcoolisé lavandin/patchouli que j'aime beaucoup, réalisé selon la recette donnée par la Princesse Venezia ici ; il m'en restait une bonne quantité après l'avoir utilisé dans un baume après-rasage.
Ceci est un véritable défi ; en effet, utiliser de l'huile de chanvre, très rancissable, pour un savon fabriqué à cette époque si humide ici est très risqué, j'en veux pour preuve mon mille-feuille aux biwils qui n'a pas résisté et a fini à la poubelle. Utiliser comme parfum un mélange alcoolisé qui, aux dires mêmes de Venezia ne restitue pas beaucoup d'odeur et enfin du gel d'aloe frais qui nous le savons ne se conserve pas plus de 10 jours au réfrigérateur.
A propos de l'aloès, j'ai relevé ceci sur un petit livre intitulé "Aloès, la plante qui guérit de Marc Schweizer :
""Le gel blanchâtre et translucide de la pulpe de l'aloès est très instable. laissé à l'air libre, il s'oxyde très vite et ce processus détruit la plupart de ses propriétés thérapeutiques. Même placé dans un réfrigérateur, il s'altère rapidement, c'est pourquoi le véritable problème posé par sa commercialisation fut sa stabilisation. Les chercheurs qui se sont penchés sur ce problème ont d'abord essayé d'exposer le gel au rayonnement ultraviolet. Ce procédé fut vite abandonné car il modifiait sa composition chimique. On tenta aussi, sans succès notable, la pasteurisation, en soumettant le gel à des températures de plus de 60° après y avoir ajouté du peroxyde d'hydrogène.
Certains adoptèrent la technique du séchage à froid sous vide qui donna d'assez bons résultats, le gel conservant la plupart de ses propriétés une fois réhydraté ; d'autres, la technique de la déshydratation à chaud par de moyennes ou de très hautes températures. On préconisa également l'irradiation, mais comme pour les fruits et les légumes, on renonça très vite à ce procédé dont on ne connaît pas encore les conséquences sur l'organisme. En tout cas, aucune de ces méthodes ne permettait de conserver les propriétés naturelles du gel ainsi traité, en particulier toutes les vitamines et les enzymes qui font la valeur du produit ! Il fallait donc trouver le processus idéal qui permettrait de stabiliser le gel sans en détruire les enzymes. Ce fut Bill Coats, fondateur d'"Aloe Vera of America" qui découvrit et breveta la technique de conservation la plus performante à ce jour. Elle consiste à laisser incuber le gel dans des cuves, en y ajoutant de la vitamine C (acide ascorbique), de la vitamine E (tocophérol) et du sorbitol, pour empêcher son oxydation. En opérant à les températures précises (ces températures ne sont pas divulguées mais, n'excédant pas 37°, elle ne lèsent pas les propriétés médicinales du gel), il obtint une réaction chimique parfait permettant la conservation du produit.""
J'ai déjà essayé de faire un macérat d'aloe frais dans de l'huile de pépin de raisin et dans de l'huile d'olive... le mélange s'est transformé en un immonde mélange.... c'est quand même rageant de disposer de cette plante fraîche à profusion et de ne pouvoir l'utiliser autrement qu'en masque facial.
Alors j'avais quand même envie de tenter l'expérience dans un savon, au moins je serai fixée...
J'ai suivi à la lettre les proportions données par Susan :
- 37 % d'huile de palme
- 31 % d'huile de coco
- 20 % d'huile de chanvre
- 12 % d'huile d'olive
J'ai remplacé l'eau par le mucilage de deux belles feuilles charnues fraîchement coupées.
J'ai épluché les feuilles, c'est-à-dire enlevé la peau verte, en ne gardant que le gel translucide. Après l'avoir bien rincé (et en bloquant ma respiration car l'odeur du jus vert me donne envie de vomir...) je l'ai mixé au Bamix pour obtenir la quantité de liquide nécessaire.
Lorsque je l'ai mélangé à la soude, j'ai obtenu un mélange jaunâtre avec des morceaux comme du blanc d'oeuf cuit ; j'ai filtré le tout et ai procédé au mélange avec les huiles.
A la trace, j'ai ajouté :
- extrait de romarin
- vitamine E
- vitamine C en poudre
- extrait de pépins de pamplemousse
il faut assurer ! si j'avais eu de la lécithine de soja liquide, j'en aurais également ajouté mais point n'en ai.
Pour l'odeur, j'ai donc utilisé mon reste d'alcool lavandin/patchouli. Je l'ai fait doucement chauffé pour le laisser réduire au maximum ; j'ai obtenu un gel opaque ; il s'est formé une espèce de peau à la surface ; j'ai filtré le mélange et l'ai ajouté à la trace.
J'ai également ajouté à la trace le mucilage d'une nouvelle feuille, mixé.
Donc, en résumé et dans l'ordre... pour 600 gr d'huile :
- 120 gr d'huile de chanvre
- 72 gr d'huile d'olive
- 186 gr d'huile de coco
- 222 gr d'huile de palme
- le mucilage de deux belles feuilles d'aloe mixé, pour un minimum d'eau de la fourchette donnée par le calculateur THE SAGE et ajouté à la soude (quantité utilisée pour un surgraissage à 5 %) ; filtrage du mélange
A la trace :
Un mélange composé de :
- réduction filtrée du mélange alcoolisé lavandin/patchouli
- mucilage d'aloe vera mixé (environ 2 c à soupe)
- extrait de romarin (quelques gouttes)
- vitamine E (TOCO 500) 3 gélules
- vitamine C en poudre (1 petite c à café)
- EPP (une vingtaine de gouttes)
J'ai eu beaucoup de mal à démouler le savon pourtant coulé dans un moule en caoutchouc habituellement facile à démouler ; en les faisant séjourner une journée au congélateur, le problème a été détourné ; voyez la différence :
Première impression : (je n'ai pas résisté plus de 15 jours avant de les essayer) :
- il est doux sur la peau,
- la mousse est correcte
- l'odeur est légère mais présente ; on sent autre chose que le lavandin et le patchouli, peut-être une odeur un peu verte, l'huile de chanvre ? l'aloe ?... je ne sais pas mais l'ensemble est agréable et frais.
Il se bonifiera certainement avec la cure ; il ne reste plus qu'à souhaiter qu'il résiste au rancissement mais l'affaire n'est pas gagnée car il fait très humide en ce moment : il pleut, il pleut, il pleut depuis quelques jours....
NB : Vous voyez les filles, il n'y a pas que des bons côtés à vivre sous les tropiques....