Savon Wagashi : Inspiration rose et blanche aux huiles de soja et d'autruche
Par atelierdemichele
L'inspiration en matière de savonnerie est très difficile à décrire et prévoir. J'en parlais déjà il y a quelques années dans un message à propos d'un savon "Art moderne".
Cette fois c'est une inspiration rose et blanche venue d'un livre offert par Venezia. "Wagashi, petite encyclopédie de gâteaux et friandises traditionnels japonais" par Minori Kai, Editions de Tokyo.
Les wagashi sont très inspirants pour ceux qui savonnent.
Leurs couleurs pastels ou naturelles, leurs formes, les associations de motifs et incrustations, tout me "parle" en tant que savonnière alors que je ne les trouve pas du tout gourmands ^_^
Le premier livre qui m'a tapé dans l'imaginaire était également une encyclopédie très abondamment illustrée autour des wagashi "Wagashi par Mutsuo Takahashi" offert à quelques savonnières.
J'aime beaucoup les feuilleter et rêver aux différentes façons de les transformer en savons. Il ne manque que quelques moules, tampons et ... la patience qu'il faut pour couler des tas de pâtes différentes.
wagashi : images, vidéos, vidéos, vidéos
L'inspiration rose et blanche est un savon fait de graisse d'autruche que je trouve si formidable! Elle peut être remplacée par une autre graisse de volailles comme le gras de canard ou d'oie.
Je l'ai mélangée à de l'huile de soja pour rester dans le mood japonais.
L'huile de soja est riche en acides gras insaturés essentiellement omégas 6 pour lesquels vous connaissez ma faiblesse dans les savons. En version bio, elle est jaune foncé et sa couleur persiste très bien après saponification.
J'en aime la douceur et la dureté dans les savons de beauté pour le visage sans gras solides.
Pour pouvoir en garder les propriétés sans la couleur, je choisis la version raffinée et je saponifie beaucoup d'huiles claires.
Les graines de moutarde n'ont pas d'effet exfoliant car j'en ai mis très peu.
Elles servent à rythmer la surface du savon et lui donner de la personnalité.
Formule du savon Wagashi
30% huile de coco
30 % huile de soja raffiné
10% huile d'autruche
10% huile de ricin
10% beurre de karité
10% beurre de cacao
Eau et soude pour un surgras de 7%
Dans la solution de soude: Lactate de sodium et soie tussah
Dans les huiles chaudes : 5 capsules de vitamine E
A la trace fine : Huiles essentielles de cyprès (20ml) et géranium (10ml), 1/2 cuillère à café de graines de moutarde noire
Argile rose (1 cuillère à café bien mixée dans le minimum d'eau)
Dioxyde de titane (1 cuillère à café lissée dans le minimum d'huile de ricin)
Pour 1200g d'huiles saponifiées
A la trace fine, je parfume et sépare ma pâte en trois (2/5 neutre, 2/5 colorée à l'argile rose et 1/5 blanchie au dioxyde de titane)
Je rajoute les graines de moutarde dans la pâte neutre.
Je coule alternativement dans un moule rectangulaire les différentes couleurs en partant du plus haut possible et de gauche à droite.
Démoulage aisé au bout de 24 heures et séchage le plus longtemps possible.
Pourquoi allonger le temps de séchage des savons au delà de 4 semaines
Ce savon a été fabriqué le 13 avril 2013 et je pense le laisser encore en séchage. La seule limite étant le rancissement possible.
Dans cette formule, j'imaginais la mousse plus lustrée qu'elle n'est. La présence de 10% beurre de cacao, 10% de karité et 30% d'huile de coco ne suffisent pas à la rendre ronde et épaisse comme celle des savons avec huile de palme. Ils moussent bien mais bulleux.
Le fait de couler à la trace fine, la formule, l'absence de phase de gel... sont autant de facteurs qui mériteraient une plus longue cure. Ceux qui ont la chance de pouvoir utiliser des savons vieux de 6 mois à 1 an connaissent la différence.
Ils sont beaux et collent parfaitement à l'idée de savons wagashi que je désirais faire mais peut mieux faire pour la mousse.
Le parfum cyprès géranium me plait bien et a été imaginé en rose (géranium) et vert (cyprès). J'aurais bien mis de l'hinoki à la place du cyprès!
Tout un monde nouveau pour moi. Je suis très impressionnée par la dextérité de ses hommes.
Sans les explications, on pourrait croire qu'il s'agit d'un dessert et non d'un savon.
J'adore la délicatesse des volutes et les graines de moutarde ajoute un petit "je ne sais quoi".
J'aurais peur que le savon ne s'oxyde et vire un peu avec une cure trooooooooop longue...j'avais eu le bonheur de recevoir le livre de Takahashi dur les wagashis, d'une grande beauté esthétique… pour le goût effectivement, c'est le culte du fade.
je passe souvent à Paris devant la pâtisserie japonaise Toraya, rue saint Florentin qui expose toujours en vitrine de merveilleux wagashis liés à la saison… avec, en prime, une explication; c'est fascinant.
Je trouve que ton savon restitue bien cette évanescence de couleurs des wagashis, avec ces graines de moutarde qui augmentent le mystère…- Merci Colchique,
Je trouve aussi que le sens artistique très épuré des japonais parle à tous.
Ils vont à l'essence même du produit, du meuble, du vêtement, de l'aliment... et je pense que c'est là qu'il faut puiser son inspiration aujourd'hui où le monde occidental pêche par excès de tout.
- Venezia,
Il en existe un autre à la couverture au fond noir que j'hésite à acheter car il n'est même pas possible de faire des recettes avec ces livres qui sont avant tout des livres d'images.
Toraya reste pour moi une vitrine aussi, à l'instar de ces livres. Aoki par contre re-visite parfaitement bien les pâtisseries occidentales en y mettant la juste fadeur.
Je ne dirais pas que j'en suis fan mais cela se mange bien et garde quand même l'esprit gourmand que doit évoquer une pâtisserie à mon sens.
Avec les graines de moutarde, j'ai pu restituer la surprise du noir sans charbon de bambou. Ce dernier était par trop attendu je pense.
Encore plein de savons wagashi à faire. Je m'affole toute seule quand j'ai l'idée et ton carnet de notes m'aidera bien à ne rien oublier
Il faudrait pouvoir faire les formes en sculpture sur savon mais je n'ai aucunement la patience pour ça.
- Merci Gingembre
- Loulou, les vidéos montrent les pâtisseries mais je ne les trouve vraiment pas alimentaires.
Pour l'instant en cernant les facteurs de risque de rancissement par chez moi, je n'ai plus de savons rances.
J'évite l'eau du robinet trop calcaire, je mets des tonnes de vit E ou de l'EPP, je limite le surgraissage à 7/8, je n'utilise presque plus d'agrumes non concentrés etc.*
Je dois offrir encore de ces savons alors il faudrait en garder un en cure longue.
- Sealeha, C'est un comble.
Le savon est gourmand mais pas les wagashi qui ressemblent à des savonsSi tu savais comme ton savon me "parle" Michèle
La finesse des couleurs si délicate, mon graal.
L'art de doser ave parcimonie la couleur pour obtenir de la douceur, du beau, du fin, du j'aime non suis plutôt in love d'admiration.
Le parfum est fin et en parfaite harmonie, le cyprès domine très légèrement le géranium.
En revanche, le wagashi ne m'inspire que pour les savons.
Pardonne mon "jus de crâne" ma Michèle, j'ai plusieurs questions.
N'utilisant pas de palme, j'ai consulté Soap Calc pour repérer les huiles et beurres avec un indice Bubbly élevé (mousse onctueuse à grosse bulles) et aussi Creamy (mousse moelleuse à petites bulles).
Ainsi Babassu, coco fract., tucuma et murumuru ont un bulbby entre 70 et 90, creamy entre 0 et 15 et un INS plutôt élevé.
Peut-être que ces huiles et beurres seraient intéressants dans la formule d'un savon ?
Mais en me baladant dans l'index de Potions, il n'y a aucune recette, il y a peut-être une raison ? Ou alors j'ai tout faux ?
Merci énormément pour ta patienceIl y a une élégance naturelle dans la manière que tu as de composer ton savon. Il est très beau.
Ces graines de moutarde déposées, là, tout simplement .
Comme le dit Emadra, "l'art de doser ..." Je ne vais pas répéter, je pense la même chose pour le
visuel. Le parfum...je l'imagine le talent est le même que pour le visuel.
Je ne sais pas faire une recette sans huile d'olive un peu, beaucoup... toujours. Il va me falloir le
tenter.- Annabulles,
Merci pour ce gentil commentaire.
L'huile d'olive serait vraiment avec le coco la première à avoir quand on veut faire du savon. J'aime bien pour ma part, tester une huile végétale en la mettant au minimum à 30%; ainsi les carctériqtiques me semblent plus évidentes.
Ici c'était le soja mais je partage ton affection pour l'olive ^_^
- Emadra,
Tu n'as pas tout faux du tout.
Personnellement je ne me fie pas au nom du beurre, ni à Soapcalc.
Tout simplement parce qu'en lisant la composition d'acides gras (je radote!?) de ces beurres, tu peux voir qu'à part le coco fractionné un peu spécial, les autres sont des huiles de coco déguisées en femmes exotiques aguicheuses
Ils contiennent tous de l'acide laurique responsable de cette mousse qui rend le coco incontournable en savonnerie.
D'après les fiches d'Aromazone, on trouve les % d'acide laurique suivants :
coco 49.90%
murumuru 44.72%
babassu 38.31%
tucuma 44.73%
Tu vois?
Pas de laurique, pas de mousse. Du laurique, de la mousse!
Alors si tu mets ces beurres, ça donne une plus value marketing à ton savon et tu peux faire rêver la planète ^_^
Si tu dis à une vieille savonnière qu'il y a du babassu dedans, elle ne rêvera pas autantelle le traduira en coco.
Je disais dans un message par ici que je restais très tradi dans mes choix de beurres. Même si des fois, je craque les billets de banque :
http://potionchaudron.canalblog.com/archives/2010/11/05/19460909.html
Il faut rêver Emadra et tester avec ce que tu veux. Ne te limite pas forcément dans tes choix.
Et viens ici nous parler de tes savons au tucuma, au murumuru... j'adorerais même si je traduis en coco ^_^Michèle, merci infiniment pour tous tes conseils avisés.
Il faut que ça rentre
Hum, pooovre de moi, suis donc une minette-indécrottable-influencable-marketing-à-tout-jamiais ???
Car oui, babassu, tucuma ... fait rêver l'arpète savonnière que je suis !
Suis tellement foutue que, pardonne moi Moune, j'ai vendu tes stilettos de mr semelles-rouges car tu n'en n'auras aucune utilité à Yatoutpour commander les poussières d'étoiles qui ne feront même pas rêver Michèle car m'en fiche de faire rêver la planète moi !!!
Miss Ed, nous sommes tous influencés malgré nous.
Dès que je suis intéressée par une pub, que je la trouve belle, que je ris ... je me pose quelques questions car je suis alors LA cible visée.
Alors je rêverai plus de tes créations avec ces beurres que de ces beurres seulsJe suis certaine d'être TA cible.
Non?J'étais venue voir.....je suis repartie ...malheureuse comme une pierre...
Pas d'huile d'autruche, pas de "wagashi" pour moi.
Mais, grâce à Michèle, l'huile d'autruche trône en bonne place dans le frigo .
J'avais beaucoup aimé le look si doux de ce savon à la formule si prometteuse..si bien décrit par les commentatrices plus haut .
Qu'est ce que je suis contente . Je vais pouvoir le faire .
Dis-moi, Michèle : couler du plus haut possible, je comprend pourquoi . Mais ""de droite à gauche " ?
Hein ??
Merci beaucoup Michèle .
EMADRA : j'ai rien compris ...D'abord une petite précision à Emadra : j'ai utilisé de la coco fractionnée pour un savon assez spécial : le savon à la prune (sur mon blog) et j'emploie très souvent l'huile de babassu. Je n'ai pas de formules à l'huile de palme (ou peut être une seule) sur mon blog. Donc, il faut que je trouve des solutions ...
Michèle, quelle élégance dans ce savon ! L'inspiration est capricieuse et on ne connaît pas vraiment son chemin pour parvenir jusqu'à nous mais je la saisis avec joie quand elle passe ! Ce savon est très madame en son boudoir, madame qui coiffe ses longs cheveux (Lol !), pensive et parfumée. Douceur maîtrisée, la beauté ...
Bises à toi.Irène, très osé ton savon à la prune avec une telle proportion de coco fractionnée.
Et très très malin l'huile de prune avec son INS de 0.
http://www.terra-amata.com/akimiti/archives/3747
Puis-je demander tes impressions sur ce savon qui m'ouvre de beaux horizons ?
Merci énormément Irène
Michèle, je cogite pour ma cibleAlors là, c'est le savon de mes rêves ! J'adore, il est infiniment élégant je trouve. Très discret dans sa sophistication. Très shibumi. Je te remets un lien que tu connais il me semble: http://florizel.canalblog.com/archives/2012/05/08/24209940.html
Et puis, tu connais mon amour pour le mood japonais, même si c'est du japonisme passé au prisme de l'imaginaire occidental. J'avais adorés les savons Lali à la lie de saké, même celui à l'odeur bizarre (je n'ai jamais été aussi assidu dans l'utilisation de plusieurs savons identiques d'affilé).
En tout cas, ces savons sont magnifiques. Et je trouve que tu es dure avec toi-même à propos de la mousse: tes savons sont toujours formidables!
Je t'embrasseMon cher Yulaan,
j'aime beaucoup ce lien et les précisions subtiles entre ces diverses notions. Le plus difficile est de théoriser cela alors qu'on le ressent intimement.
La mousse vieillit bien et vraiment sans vouloir chipoter, je pense que ces quelques semaines de séchage supplémentaire sont utiles. La mousse fait tout dans le savon, je pense y être plus sensible qu'à l'aspect visuel ou au parfum.
Bisous!Michèle, j'utilise en ce moment ce savon. Il est vraiment très chic avec ces quelques petits grains noirs.
L'huile d'autruche donne un savon à la texture particulière que je ne connaissais pas mais que je trouve très agréable. Aujourd'hui, je trouve que sa mousse est très acceptable ; il a dû bien se bonifier en vieillissant un peu.
Je trouve l'ensemble très réussi.Merci pour ton retour Catherine.
Cette formule donne un savon au toucher presque "sec" même mouillé et c'est cela qui me faisait aussi penser qu'il valait mieux le laisser vieillir un peu encore.
Est-ce vraiment l'huile d'autruche? Je n'en suis pas sûre car cela ne se produit pas à chaque fois que j'en utilise. J'ai du mal à formuler des savons satisfaisants sans palme
Mais j'adore son visuel. Bisous!
J'adore le marbrage très fin et délicat que tu as obtenu !! Je ne connaissais pas les Wagashi et d'après les liens que tu as mis, c'est vrai que je ne trouve pas ça appétissant, mais par contre, on dirait vraiment des savons c'est hallucinant !