Oh oh oh vert-tige de l'amour…
Faire un savon, c’est toujours un voyage… choisir les huiles végétales, les huiles essentielles, se poser la question du choix du chemin… Cette fois, il s’agit de faire un parcours dans le vert, et pour un défi chez P&C, le blog qui m’a fait basculer dans le chaudron…
Bref, voilà que le cerveau fourmille d’idées, malheureusement peu fructueuses… Un premier essai à base de vertes macérations de bourrache et bleuet échoue sur une tonalité beigeasse… Dépitée, je pars sur l’utilisation de poudres ayurvédiques. Las ! La trace fulgurante et le choix des couleurs de poudres rendent mon marbrage presque invisible.
Savon échec au vert...
Dépitée mais pas découragée, je reprends le chemin du début… Je débranche le cerveau et ses élucubrations techniques. Cette fois, je ferai un choix d’amour pour mes ingrédients…
Il faut du vert ? Il y en aura dans la couleur des huiles, dans la poudre colorante, dans le parfum.
Il faut de l’Afrique ? Il y en aura ! Mais pas que.
Je plonge dans les armoires pour ne ressortir que ce qui me parle... des matières premières brutes, produites avec amour…
On commence par l’incontournable karité. Il me reste un peu de ce superbe nilotica tendre et fondant rapporté précieusement d’Ouganda par Lucille des Etoiles sur la peau. Ensuite, offert par Man & Nature, du beurre de moabi, appelé aussi le karité des pygmées (merci chère Irène d’avoir partagé ton savoir sur son indice de saponification !), qui sauvera peut être cet arbre de sa disparition programmée. Il apporte un moelleux fabuleux dans les savons. De l’huile de baobab venue du delta du Saloum dont la production cherche à compenser la surexploitation des ressources marines et forestières. De l’huile de dattier du désert qui aide à la diversification des ressources économiques. De l’huile de palme, celle qui sauve les gorilles de Cross River au Cameroun. Voilà pour la part de l’Afrique.
Et pour la dernière touche, des matières premières qui viennent de mon continent d’origine… De l’huile de pépins de raisin artisanale tellement verte qu’elle ressemble aux bouteilles de vin de sa ville d’origine Mendoza, de l’huile d’inca inchi à la senteur si verte et aux vertus amazoniennes magiques, et de la poudre de la verte huacatay qui se retrouve habituellement dans mon assiette ☺.
J’ai choisi de finaliser avec de la coco vierge pour la mousse, du macérât de menthe verte sur olive pour le parfum et la couleur.
Pour le parfum, j’opte pour une synergie d'huiles essentielles qui m'évoquent le vert, du vert-tendre au vert-acidulé en passant par le vert-racine. Du vert de chez vert.
24% Coco
20% Moabi des pygmées
10% Baobab du Saloum
10% Inca inchi d’Amazonie
10% Pepins de raisin d’Argentine
8% Balanites (appelé savonnier au Tchad !)
8% Nilotica d’Ouganda
5% Palme des gorilles
5% Macérat de menthe verte dans olive de nos latitudes
Ajouts :
Huacatay en poudre du jardin 3% des huiles
Tulsi, une pointe de couteau
Synergie 3% d’huiles essentielles de basilic sacré, verveine, litsée citronnée, vetiver, sariette, sauge sclarée.
Et le marbrage ? 1/3 de la pâte avec la poudre de verte huacatay, 2/3 de la pâte avec la pointe de couteau de tulsi pour soutenir le vert des huiles (raté !), un tube d’essuie-tout dans un moule haut et rond...
et une tige, pour emmener le vert vers le blanc…
Le tout, pour un savon vert-tige de l’amour, avec une mousse douce, serrée, crémeuse, et qui sent bon la verdure… J'ai été bien surprise que la pâte légèrement teintée avec le tulsi ressorte si blanche.
Et j’ai l’impression que quelques elfes joyeux se sont glissés dans les savons…
Merci à Potions et Chaudron de m’avoir fait gamberger dans le vert, merci aux filles et au gars d'avoir déchiffré la brousse... Je suis ravie d’avoir tenu la distance et d’avoir écrit ce texte sans utiliser le mot « équitable » (argh ! raté) :P