Savon au cacao cru
Par atelierdemichele
Plus précisément, c'est la recette d'un savon lait de coco - miel - cacao cru.
La poudre de cacao cru offerte par Venezia provient de fèves torréfiées à 40°C maximum afin de préserver les polyphénols anti-oxydants.
J'ai rajouté 2 carrés de chocolat noir bio pour renforcer la couleur appétissante.
La formule contient pas mal d'huiles végétales comme j'en avais l'habitude lors de mes débuts.
Depuis, j'ai privilégié une huile ou des formules simples afin d'observer le comportement des gras saponifiés.
Les savons pleins d'huiles variées sont quand même plus rondouillards, plus gourmands en texture.
Ils sont très appréciés des épicuriens (et iennes) qui savent ce qu'ils aiment. La présence de chocolat renforce cet aspect.
Et sur la table ronde où ils séchaient tranquillement, j'ai dû passer côté cuisine faire quelques gâteaux afin de combler les estomacs alléchés souffrant de cette vision non consommable.
La pâtisserie n'étant pas mon dada, au bout de 3 jours, je les ai fait disparaître vite fait, histoire que l'on ne me demande pas l'impossible...
Formule du Savon cru - miel - coco
300g huile de coco bio (30%)
200g huile de palme bio (20%)
200g huile d'olive bio (20%)
100g huile de son de riz (10%)
50g beurre de karité du Bénin (5%)
50g beurre de cacao du chocolatier (5%)
50g huile de ricin bio (5%)
50g huile de germes de blé (5%)
Dilution de la soude (surgras 6%)
200g d'eau
1 cuillère à soupe de miel d'acacia bio
Dans les huiles chaudes
50g de lait de coco bio (liquide)
2 carrés de chocolat noir bio
1 cuillère à café d'EPP concentré
1 cuillère à soupe de poudre de cacao cru
A la trace
20ml d'huile essentielle (HE) de vétiver de Madagascar
10 ml de divers mélanges d'HE fabriqués depuis quelques mois
Le miel fait rougir la solution de soude mais cette couleur ne persiste pas dans le savon final s'il est clair.
Les huiles chaudes additionnées des ajouts ci dessus doivent être mixées longuement afin de disperser le cacao et bien mélanger les acides gras.
Si les huiles ne sont pas bien mélangées avant l'addition de soude, la réaction de saponification débute rapidement par les acides gras saturés et l'on peut avoir l'impression d'une trace accélérée. On appelle cela une fausse trace.
Ce phénomène s'observe surtout si l'on utilise un mixer électrique.
Il suffit alors d'arrêter de mixer à l'électrique et le mélange manuel moins rapide ralentit la réaction, la pâte se fluidifie un peu et l'on peut poursuivre les opérations. Je ne mixe donc jamais d'une traite jusqu'à la trace.
L'arrêt régulier du mixer permet de suivre l'épaississement de la pâte, de procéder avec une certaine lenteur qui me comble de cette joie pure qu'est la saponification.
Je ne mets pas le cacao cru à la trace pour le "protéger" puisque je saponifie entre 38 et 40° mais la réaction de saponification monte naturellement bien au delà de 40°C dans le moule.
Du coup il ne me semble pas que le cacao resterait "cru" même mis à la trace.
Je fais de même avec le miel, les laits etc. qui supportent à mon avis d'être bouillis, cuisinés, chauffés pour l'alimentation sans que l'on ait peur de les dégrader.
Je n'ai jamais mesuré la température d'une pâte à savon au cours des premières heures de la saponification ni même en phase de gel mais elle est élevée.
Kevin M. Dunn indique:
. qu'une pâte à savon fabriquée à 40°C peut monter de 45 à 84°C au bout de 37mn selon la valeur d'eau utilisée pour dissoudre la soude.
. que moins il y a d'eau, plus la température augmente dans le savon. Plus on saponifie à haute température plus la température augmente et plus la saponification est rapide.
Tous ces facteurs étant à moduler selon les ajouts, les huiles saponifiées, la température et l'humidité ambiantes ... Rien de très reproductible donc.
"Scientific soapmaking" Kevin M. Dunn, Clavicula Ed. (en anglais pour ne pas que Moune se sente obligée de l'acheter)
Néanmoins, il faut respecter son sentiment, chauffer ou pas mais être heureux de ses fabrications.
L'autre crainte qui fait souvent dire que "la soude tue tout" ne me semble pas non plus très fondée.
Je considère que la soude ne tue pas tout. Elle transforme tout, c'est une nuance qui me semble essentielle.
Elle transforme donc nos huiles en savon et glycérine, notre lait en lactate de sodium hydratant ... Sans elle nous serions donc bien embêtés pour faire du bon savon maison, n'est-ce pas?
Donc je mets personnellement de très bonnes choses dans mes savons en contact avec la soude. Je ne pratique plus l'ajout d'huiles végétales dites précieuses à la trace sauf exceptions.
Le pH alcalin du savon me semble par contre être le facteur critique qui doit être modulé avec le temps de séchage, le surgraissage... tous critères limitant l'agressivité de l'alcalinité.
Et moins on monte en température dans le savon, plus on utilise d'eau et plus long doit être le temps d'attente avant l'utilisation.
Couleur caramel au démoulage, couleur cacao en quelques minutes à peine. Etonnant non?
C'est un savon qui mousse bien mais qui n'est pas très dur malgré plusieurs semaines de séchage.
Aujourd'hui la couleur est un peu plus pâle que sur les photos.
Le parfum est surtout celui du vétiver, un peu déroutant avec la couleur chocolat mais c'est peut-être ainsi que l'on peut éviter l'ingestion accidentelle de savons laissés sur la table ronde, juste en face du four.
J'écoule en ce moment les nombreux mélanges d'HE fabriqués pour telle ou telle occasion et je peux vous informer que l'absolue de feuilles de violette même en mini quantité parfume très bien les savons ^_^
Merci Colchique.
Je viens de lire ton message où tu parles aussi des fausses traces possibles avec les gras durs. C'est toujours marrant ces coïncidences
http://cosmeticshomemadecolchique.wordpress.com/2012/03/24/savons-marbres-en-forme-detoile/Oh des savons à l'absolue de violette ça me donne des envies tiens !!
Je n'utilise jamais le mixeur pour les savons à la soude... Mais après t'avoir lue, je vais peut-être quand même le sortir, ne serait-ce que pour mixer les huiles entre elles avant l'ajout de la solution de soude !
Tes savons au chocolat sont très gourmands. Ils donnent effectivement envie de mordre dedans ^^Pour de vrai, ils ressemblent encore plus -jusqu'à la texture… - à d'énooormes bouchées chocolatées! Le plissé est d'une grande beauté. Pour le parfum, c'est vetiver.
J'hésite toujours entre deux partis pris pour parfumer les savons: soit coller à leur apparence, soit, au contraire, créer la surprise comme dans ce cas vétiver chocolat. Je n'ai pas tranché…
J'adore touiller voluptueusement à la spatule en silicone en marmonnant des sortes d'incantations (oui oui, ça m'arrive, pour mieux me concentrer: "c'est un savon pour X, j'espère qu'il va lui plaire", ou d'autres trucs comme ça) donc j'alterne toujours mixeur et spatule, je trouve que la pâte est bien fine au final.Michèle, il est vrai que les gourmands doivent avoir envie de mordre tes savons, surtout celui de la première image, il fait vraiment penser à un chocolat.
La couleur caramel est très belle, dommage qu'elle ne reste pas.
J'aurais pensé que cette formule donnerait un savon qui durcit bien, c'est curieux.
Ah, la savonnerie comme nous la pratiquons n'est pas une science exacte mais je crois que c'est ce qui nous donne encore plus de joie et d'émotion à chaque nouvelle fournée.
Pour l'instant, ce ne sont que des déception pour moi mais je n'ai pas dit mon dernier mot.
Merci pour ces beaux chocolats MichèleTu viens peut-être de donner la réponse à une de mes interrogations sur les éléments qui favorisent la phase gel : le pourcentage d'eau de dilution, merci Michèle.
Je vais tester dans le prochain mais je ne sais pas si je saurais choisir entre un savon uniforme, un peu mou et qui sèche lentement et un savon bien dur, qui dure, et avec une trace pas très belle au milieu.
Et zut, vive la surprise !
Ton cœur élégant me rappelle tous les chocolats de Noël qui pèsent sur mes hanches mais dont la seule idée me fait saliver ^_^Ce joli cœur plissé a fait virevolter sa robe gourmande devant mes yeux et hop, il s'est lové dans le secret des poches d'une PPP
ravie
c'est étonnant Michèle comme tu allies grâce et fantaisie, autant toi, que tes savons
J'adore, le concept gourmand rond, mais raffiné et j'adhère complètement à ta formule
"la soude, transforme" oui, une magicienne qui nous pousse à transgresser et dépasser tous les "acquis"
J'aime, voire adore spatuler la pâte à loisir, jouer de la CS avec et même des fois, tant en la travaillant ainsi
lorsqu'une trace et un figeage fulgurant arrivent, on se surprend à savoir composer avec, presque comme une pâte à modeler
Je trouve que savonner est très régressif et au plus proche de nos "ventres" nos assises
Je commence à penser qu' un mélange d'he estimé raté pour une émulsion, se bonifie très bien dans un savon et marque sa présence plus fortement
Plus qu'appétissants, je les trouve élégants et sveltesdans tous les cas ils mettent l'eau à la bouche
C'est marrant, mais ma fille m'a aussi dit" ben, maintenant que tu es obligée de tout peser et calculer
et que tu as des beaux moules, tu pourrais nous faire des gâteaux"
Et puis quoi encore
@Cath
As tu essayé la méthode de fontes des gras durs , méthode de kafée?
Je n'ai pas ce problème, ainsi
Je travaille à température ambiante et eau de dissolution glacée, comme m'a appris ma marraine M- Mlk,
Oui c'est étonnant cette puissance de la violette.
Si j'avais su que je te verrais, j'aurais mis un autre chocolat dans ma poche
Je me demande ce que tu serais devenue si tu ne savonnais pas. Quand on te lit, on te voit bien gourmande penchée sur tes huiles et tes zigouigouis.
Ces gosses qui veulent qu'on ne soit en cuisine que pour leur faire à manger...
- A bientôt Sylvie et merci.
- Coucou Chabou,
Kevin M. Gunn, insiste sur le fait que la réduction d'eau s'accompagne d'une augmentation rapide et forte de la température. Cela facilite la phase de gel surtout si tu saponifies à une température déjà élevée.
L'équilibre est délicat à trouver.
Surtout que pour moi le savon est vraiment une activité libre qui ne devrait s'encombrer que des précautions d'emploi de la soude. Le reste doit être créatif.
Bon savonnage alors.
- Catherine,
J'ai eu 4 fournées de savons dont celui ci faits dans le même mois (fin janvier/début février) qui ne durcissent pas. Ils restent mous et j'ai dû démouler seulement une semaine plus tard.
Je n'ai jamais eu ça et je cherche encore ce qui a pu occasionner ça.
Les formules ne pouvaient que donner des savons durs mais non...
- Loulou,
Je trouve que l'EPP est efficace chez moi qui ait souvent des savons qui rancissent à cause du lieu où je vis.
J'ai essayé de nombreux anti-oxydants et c'est celui qui remporte la palme.
Le livre de Kevin M. Dunn est très intéressant car il a vraiment tenté de faire et d'expliquer les choses scientifiquement.
Malheureusement la reproductibilité est délicate dans nos cuisines et avec nos formules riches en ingrédients pour le moins curieux ou osés.
As-tu encore de la neige?
- Natalia,
Bienvenue sur Potions et chaudron qui est un blog collectif où plusieurs d'entre nous interviennent.
Je te remercie en notre nom à tous :
http://potionchaudron.canalblog.com/archives/index.html?headerbar=2&headerbar2=7
- Venezia,
Le savon que tu as reçu a malheureusement été cabossé par le transport, mon agenda est trop chargé
Vois-tu comme il est encore mou ce savon?
Or il a été fabriqué le 1er février donc il a près de 2 mois! J'en perds mon latin...
J'aime assez la surprise odorante quand les savons sont visuellement très alimentaires.
Je n'utilise pas de fragrances donc il ne me parait pas choquant d'avoir un chocolat qui sent le vétiver ou une framboise qui ne sent rien du tout
Tu es étonnante toi aussi dis donc pendant que tu savonnes!Catherine j'oubliais, l'argile jaune dans une pâte normale donne une couleur caramel que je trouve très jolie et assez proche de celle avant le brunissement.
Je ne sais plus combien j'en mettais (? 1 cuillère à soupe pour 1kg d'huiles diluée dans de l'eau en un fluide bien lisse) mais c'est vraiment joli.Qu'ils sont beaux, qu'ils sont beaux. J'adore aussi le coeur plissé. Tu aurais pu aussi en couler un dans ton moule pied.. non ?
J'étais toute contente de n'avoir pas à acheter ce livre .. Quand loulou .. survient pour me donner mal au ventre..
Diiiiiiiiiiiiiis !! Loulouuuu !!! tu mérites d'avoir à me le traduire intégralement, page après page.. Y compris les inscriptions des couvertures, nom de l'éditeur, tout le truc !!!
@michèle, je me demande tout de même ce qui laisse ton savon si lent à sécher. Palme et coco sont présents pour le durcir pourtant.
Il est encore mou aujourd'hui ???
Comme le savon amygdalin ? Une petite merveille entre parenthèse ce savon amygdalin.Michèle
Je serais devenue une "drôle de paroissienne" comme Alyana et détrousseuse de tirelire
Cath
Tu fais fondre tous les gras durs avec la solution de soude, tout fond en principe aux alentours de 38°
même si tu dois aider un peu en écrasant délicatement par exemple le beurre de karité qui joue les difficiles
Et à la fonte des gras durs tu peux ajouter tes huiles liquides amenées elles aussi aux environs de 38°
Tu mélanges harmonieusement avant de mixer
méthode rapide de kafée
En monomaniaque, j'y ai trouvé un tour de main très pratique, le truc, c'est de bien mélanger à la CS
avant de mixerTu verses la solution de soude, comme d'hab, sur les gras durs et ils fondent ainsi
Tu comptes environ 10 minutes, plus ou moins
Les gras durs, sont fondus vraiment vers les 38°
Par contre, n'oublie pas d'amener tes huiles à même température
Je fais bouillir une casserole d'eau et hors feu, j'y laisse les huiles liquides qui montent gentiment à la bonne température
Je crois que Kafée, nomme cela la méthode pas le temps?
Je cherche le lien du haut de mon phareCath! voici le lien http://soapsession.com/blog/2009/11/01/gagnez-du-temps/
Moune et Isy c'est un mystère que j'ai eu à 4 reprises sans savoir pourquoi ils n'ont pas durci comme leur formule le devait.
Ils sont donc peu durables à l'utilisation.
Nansou, l'huile de germes de blé donne des savons très agréables et normalement bien durs. Peu de personnes y pensent alors qu'elle contient pas mal d'acide palmitique (15%) et de l'acide stéarique.
Moi la première je l'ai oubliée dans les huiles qui permettent de formuler des savons sans palme avec bonheur! Il faut que je répare ça...ce ne serait pas le lait de coco
dans les huiles Michèle ? Je ne suis pas très calée en savonnerie. Je copie sur Michèle !!
Mais justement, j'ai remarqué que les savons que je fabrique avec ajout de lait de coco ne durcissent que très lentement. Et, ce sont d'anciennes recette de toi .
Dans les quatre fois où cela t'est arrivé, tu te rappelles si tu as mis du lait de coco ?Non Moune pas de lait de coco à chaque fois.
Mais en remplissant tout à l'heure ma bouteille d'huile d 'olive à partir d'un bidon, j'ai réalisé que depuis plusieurs semaines je ne récupère que des morceaux de gras très épais = plus riche en insaponifiables de l'olive?
Mes savons sont peut-être extra-surgras, bien plus que je ne calcule...
Car ces 4 savons contiennent olive et karité.
Est-ce ça?
Michele, ce sont de très beaux savons au look très appétissant.

Oui, c'est très rigolo, car en effet comme j'ai pu également le constater, les savons sont d'une couleur caramel ou café au lait avant de prendre la couleur chocolat une fois la saponification terminée.
Les savons au chocolat ressemblent parfaitement au chocolat à déguster, ce qui réveille en effet les papilles des gourmands.