Savon au cacao cru
Plus précisément, c'est la recette d'un savon lait de coco - miel - cacao cru.
La poudre de cacao cru offerte par Venezia provient de fèves torréfiées à 40°C maximum afin de préserver les polyphénols anti-oxydants.
J'ai rajouté 2 carrés de chocolat noir bio pour renforcer la couleur appétissante.
La formule contient pas mal d'huiles végétales comme j'en avais l'habitude lors de mes débuts.
Depuis, j'ai privilégié une huile ou des formules simples afin d'observer le comportement des gras saponifiés.
Les savons pleins d'huiles variées sont quand même plus rondouillards, plus gourmands en texture.
Ils sont très appréciés des épicuriens (et iennes) qui savent ce qu'ils aiment. La présence de chocolat renforce cet aspect.
Et sur la table ronde où ils séchaient tranquillement, j'ai dû passer côté cuisine faire quelques gâteaux afin de combler les estomacs alléchés souffrant de cette vision non consommable.
La pâtisserie n'étant pas mon dada, au bout de 3 jours, je les ai fait disparaître vite fait, histoire que l'on ne me demande pas l'impossible...
Formule du Savon cru - miel - coco
300g huile de coco bio (30%)
200g huile de palme bio (20%)
200g huile d'olive bio (20%)
100g huile de son de riz (10%)
50g beurre de karité du Bénin (5%)
50g beurre de cacao du chocolatier (5%)
50g huile de ricin bio (5%)
50g huile de germes de blé (5%)
Dilution de la soude (surgras 6%)
200g d'eau
1 cuillère à soupe de miel d'acacia bio
Dans les huiles chaudes
50g de lait de coco bio (liquide)
2 carrés de chocolat noir bio
1 cuillère à café d'EPP concentré
1 cuillère à soupe de poudre de cacao cru
A la trace
20ml d'huile essentielle (HE) de vétiver de Madagascar
10 ml de divers mélanges d'HE fabriqués depuis quelques mois
Le miel fait rougir la solution de soude mais cette couleur ne persiste pas dans le savon final s'il est clair.
Les huiles chaudes additionnées des ajouts ci dessus doivent être mixées longuement afin de disperser le cacao et bien mélanger les acides gras.
Si les huiles ne sont pas bien mélangées avant l'addition de soude, la réaction de saponification débute rapidement par les acides gras saturés et l'on peut avoir l'impression d'une trace accélérée. On appelle cela une fausse trace.
Ce phénomène s'observe surtout si l'on utilise un mixer électrique.
Il suffit alors d'arrêter de mixer à l'électrique et le mélange manuel moins rapide ralentit la réaction, la pâte se fluidifie un peu et l'on peut poursuivre les opérations. Je ne mixe donc jamais d'une traite jusqu'à la trace.
L'arrêt régulier du mixer permet de suivre l'épaississement de la pâte, de procéder avec une certaine lenteur qui me comble de cette joie pure qu'est la saponification.
Je ne mets pas le cacao cru à la trace pour le "protéger" puisque je saponifie entre 38 et 40° mais la réaction de saponification monte naturellement bien au delà de 40°C dans le moule.
Du coup il ne me semble pas que le cacao resterait "cru" même mis à la trace.
Je fais de même avec le miel, les laits etc. qui supportent à mon avis d'être bouillis, cuisinés, chauffés pour l'alimentation sans que l'on ait peur de les dégrader.
Je n'ai jamais mesuré la température d'une pâte à savon au cours des premières heures de la saponification ni même en phase de gel mais elle est élevée.
Kevin M. Dunn indique:
. qu'une pâte à savon fabriquée à 40°C peut monter de 45 à 84°C au bout de 37mn selon la valeur d'eau utilisée pour dissoudre la soude.
. que moins il y a d'eau, plus la température augmente dans le savon. Plus on saponifie à haute température plus la température augmente et plus la saponification est rapide.
Tous ces facteurs étant à moduler selon les ajouts, les huiles saponifiées, la température et l'humidité ambiantes ... Rien de très reproductible donc.
"Scientific soapmaking" Kevin M. Dunn, Clavicula Ed. (en anglais pour ne pas que Moune se sente obligée de l'acheter)
Néanmoins, il faut respecter son sentiment, chauffer ou pas mais être heureux de ses fabrications.
L'autre crainte qui fait souvent dire que "la soude tue tout" ne me semble pas non plus très fondée.
Je considère que la soude ne tue pas tout. Elle transforme tout, c'est une nuance qui me semble essentielle.
Elle transforme donc nos huiles en savon et glycérine, notre lait en lactate de sodium hydratant ... Sans elle nous serions donc bien embêtés pour faire du bon savon maison, n'est-ce pas?
Donc je mets personnellement de très bonnes choses dans mes savons en contact avec la soude. Je ne pratique plus l'ajout d'huiles végétales dites précieuses à la trace sauf exceptions.
Le pH alcalin du savon me semble par contre être le facteur critique qui doit être modulé avec le temps de séchage, le surgraissage... tous critères limitant l'agressivité de l'alcalinité.
Et moins on monte en température dans le savon, plus on utilise d'eau et plus long doit être le temps d'attente avant l'utilisation.
Couleur caramel au démoulage, couleur cacao en quelques minutes à peine. Etonnant non?
C'est un savon qui mousse bien mais qui n'est pas très dur malgré plusieurs semaines de séchage.
Aujourd'hui la couleur est un peu plus pâle que sur les photos.
Le parfum est surtout celui du vétiver, un peu déroutant avec la couleur chocolat mais c'est peut-être ainsi que l'on peut éviter l'ingestion accidentelle de savons laissés sur la table ronde, juste en face du four.
J'écoule en ce moment les nombreux mélanges d'HE fabriqués pour telle ou telle occasion et je peux vous informer que l'absolue de feuilles de violette même en mini quantité parfume très bien les savons ^_^