Fabriquer une teinture d'encens
Faire ses cosmétiques maisons : bien débuter
Par veneziapetitpois
Fabriquer ses propres teintures apporte une grande satisfaction.
-C’est enfantin à réaliser
-le résultat est souvent très parfumé
-les propriétés thérapeutiques sont réelles
-ça permet de varier les apports odorants quand on est obsédée intéressée par les combinaisons parfumées à incorporer dans un produit
Michèle a donné récemment le mode d’emploi pour faire une teinture de plantes fraîches (dans la recette du baume à l'achillée ici )
Je vais raconter le principe des teintures de résines comme l’encens ou le galbanum. Les résines sont des substances dures insolubles, le plus souvent d’origine végétale (mais l’ambre est aussi classée comme une résine) obtenues lors de l’incision de certaines plantes.
*Leur intérèt premier réside dans leur pouvoir fixatif. La teinture de benjoin (le benjoin est une résine) est ainsi la meilleure arme pour fixer les parfums maison faits à partir d’huiles essentielles et d’alcool. Après quelques temps de macération, son odeur douce et vanillée devient imperceptible.
*Autre point intéressant pour les résines: elles ont été utilisées depuis l’Antiquité dans les cérémonies religieuses et magiques. Ça ne fait donc pas de mal dans prévoir dans les produits; autant mettre tous les atouts de son côté!
*Enfin beaucoup enferment des substances anti inflammatoires (c’est le cas de la myrrhe, de l’encens, du galbanum, du mastic, du benjoin, du sang de dragon, du tolu, du copaiba etc… ) très puissantes. Revers de la médaille, certaines résines peuvent aussi être très allergisantes (attention au benjoin, au tolu, au baume du Pérou notamment)
J’ai déjà réalisé des teintures parfumées à base d’encens, de galbanum, de mastic.
Pour extraire au mieux les principes actifs d’une résine, mieux vaut utiliser un alcool de degré élevé. Dans les vieux manuels (je possède un manuel du distillateur de la fin du XIX° siècle), la macération se fait à 85° . Sur des sites qui proposent des teintures à la vente ( Avicenna par exemple) et indiquent le degré d’alcool, il s’agit souvent de 90°.
C’est en me plongeant une fois de plus dans le livre de Suzanne Cathy sur les hydrolats que j’ai trouvé l’arme secrète pour améliorer le parfum des teintures: l’intégration d’un hydrolat à la macération.
Ainsi, en partant d’un alcool à 96°, le plus pur que l’on puisse trouver, on abaisse le degré (j’ai abaissé pour l’encens entre 80 et 85°) avec un hydrolat puis on met le petit morceau de résine à macérer dans le flacon renfermant le mélange alcool+hydrolat et zou, dans un placard.
Ce système présente un autre intérèt que j’ai découvert après diverses tentatives: on obtient une teinture limpide. En effet, si l’on pratique une macération à 96° -pensant que plus c’est fort, mieux c’est- et que l’on dilue ensuite, c’est l’effet pastis qui se met en marche. Il y a précipitation immédiate et on obtient un lait blanc. De même si on dilue dans une macération ultérieure un morceau qui a d’abord macéré tout seul dans de l'alcool à 96, il y aura aussi précipitation.
Deux exemples concrets
1. Encens d’Oman (un cadeau de Michèle)
5g encens d’Oman
dans 30g alcool 96 et 20g eau de rose Centifolia
Filtré. J’ai oublié de noter les proportions de la deuxième macération que j’ai mélangée à la première. Mais le résultat est très limpide
2. Galbanum
Galbanum 5g
dans 50g alcool à 96
Reste de galbanum mou remis en 2° macération dans
20g alcool à 96 et 23g eau de rose de Provins
Filtré, résultat pur (à droite). Mais quand j'ai rallongé une partie pour diluer, le liquide s’est troublé. De même et quand j’ai réalisé une deuxième macération plus diluée, ça a précipité (à gauche) .
Macérations successives
Pour fignoler une teinture et extraire encore plus de principes actifs, on peut en effet pratiquer des macérations successives, ce qui est souvent évoqué dans les vieux textes. Après une première filtration, on récupère le morceau souvent un peu défait, on prépare une deuxième macération sur le même principe: alcool+hydrolat et on oublie le flacon dans un placard. Après filtrage de cette deuxième macération, on la mélange à la première. Le résultat: une teinture au parfum plus complexe. On peut continuer, j’arrête mes macérations “au nez”, quand ce que j’ai extrait n’est plus très puissant. Les troisième ou quatrième macérations peuvent d’ailleurs être utilisées pour fixer des brumes de maison.
Attention: les teintures concentrées de résine ont tendance à coller. Nettoyez bien les bouchons sinon, vous aurez bien du mal à ouvrir vos flacons.
Le site d'Avicenna: ici
Tableau pour calculer les dilutions alcooliques: ici
Merci, les filles.
Toutes les résines peuvent subir le même sort…
@Catherine, si ce sont de vraies résines ni traitées ni parfumées synthétiquement, ça ne pose pas de problème. Je pense tester les miennes dans des savons (toujours ma quète de fixatifs… ) . Pour l'effet anti inflammatoire de l'encens, il faut chercher la variété boswellia serrata, en général d'origine indienne.Merci Venezia pour ce pazapa très instructif. J'aime beaucoup les senteurs d'encens, ça a un petit côté mystique et sensuel et en même temps ça rappelle les années baba-cool, un peu comme le patchouli. Je verrais bien une crème pour le corps très envoûtante... Mais que prends tu comme alcool fort ? du pharmacie ? un bon vieux rhum ?
@ lolitarose,
J'ai la chance d'avoir de l'alcool 96° . Le problème des macérations dans le rhum (j'ai déjà essayé, bien sûr), c'est que ça sent… le rhum. Donc, sauf pour la vanille qui se marie très bien avec, je ne l'utilise plus.
Prends de l'alcool à 90, mais dans ce cas là, ce sera juste pour des applications externes (je veux dire que l'alcool à 90 est impropre à la consommation).
@Zinette, pour les trois teintures que j'évoque ici, j'avais des morceaux de résine. donc j'ai fait avec. Mais une donatrice fort attentionnée vient de m'offrir un peu de poudre de B. serrata, donc je vais essayer. je pense que pour filtrer les poudres, mieux vaut employer un tissu très fin.Mille mercis pour cette manière de faire des teintures de résines qui restent limpides.
Celle d'encens d'Oman est non seulement claire mais le parfum est incroyablement restitué et fidèle à la résine. C'est un vrai joyau.
Je retiens aussi tes macérations en cascades pour maturer le parfum. Je bois le thé ainsi, ça horrifierait les puristes ...
Je fais de même avec les macérations huileuses, plusieurs fois mais cette fois en changeant les plantes.
Que faire maintenant de toutes ces teintures sans les dénaturer?
J'aimerais les utiliser sans les réduire, sans n'en mettre qu'une faible quantité pour cause d'alcool ...
Merci Venezia!@Michèle&Venezia
Peux t'on considérer que l'ajout de teintures alcoolées même sur le visage ne peut nuire ni avoir d'effet asséchant dans une cosmétique
qui utilise des huiles végétales et bio et non des "kkbeurks" et d'autres actifs idem respeectueux
Bref est ce l'alcool qui assèche ou les cochoncetés ajoutées?
Car Weleda, Hauschka, Logona en mettent et ils ont le savoir faire
Bref, je me questionne( bon aucun problème , avec l'alcool dans les cosmétos pour moi) to be or not to bevenezia => oui, je parlais bien de l'ambre de la mer Baltique; d'ailleurs, on peut toujours trouver sur les plages de minuscules morceaux d'ambre,
patte => la teinture d'ambre est utilisée en externe ( frictions de la poitrine, du front et des tempes et applications à la face interieure des coudes et des genoux ) et en interne ( qq gouttes dans un verre d'eau - il faut dire que l'alcool 96° est en vente libre en Pologne, on l'utilise largement dans la cuisisne )
Elle ( la teinture ) fortifie le système immunitaire ( en cas de grippe, rhume ou refroidissement ), baisse la tension arterielle, soulage les douleurs liées à l'arthrose ... entre autres ....@merci Patricia pour ces précisions.
En fait, dans les marques allemandes, je crois savoir que l'alcool indiqué sur l'iNCi est souvent celui qui,employé pour les teintures, sert en même temps de conservateur. Mais je ne sais quel degré il affiche.
Michèle a déjà fait un démaquillant avec une teinture non réduite. De mémoire, je crois qu'elle a mis la formule sur potions.Je dirais que tout dépend du type de peau.
Il y a des personnes dont je suis qui ne supportent pas les produits Weleda ou Hauschka sur le visage.
Mais ce n'est pas à cause de l'alcool pour le coup mais à cause des formulations un peu vieillottes et lourdes.
La peau du corps est plus costaud en général et là, je n'hésite pas à formuler avec 5 voire 10% de teintures à bas niveau d'alcool.
Pour le visage, je n'en mets que dans les produits à rincer (nettoyants, gommages...)car l'alcool ne reste pas sur la peau.
Les peaux noires, foncées ou méditerranéennes peuvent avoir des tâches indélébiles avec l'alcool donc à éviter même pour désinfecter un bouton par exemple.
C'est sûr que l'on peut avoir plein d'extraits de plantes dans une crème dès lors qu'on les introduit sous forme de teintures. C'est intéressant, mais je préfère les extraits glycérinés.
Je me souviens avoir utilisé il y a des années, une gelée hydratante pour le corps Green tea, très alcoolisée d'E. Arden, fraiche et couleur vert d'eau pour mettre sur le corps.
J'avais beaucoup aimé même si c'est un peu desséchant en usage quotidien.
Je pensais à utiliser la teinture comme seule phase aqueuse et en gélifiant à la xanthane ou au mélange xanthane/cellulose.
Juste pour le parfum, je crois bien que c'est jouable.Merci Venezia, moi qui adores les résines et me demande toujours comment les utiliser, surtout qu'en ce moment je cherche à m'améliorer sur les parfums, ce post va m'être très précieux et je vais me lancer dès que j'aurai trouvé de l'alcool non modifié.
Lire tes expérimentations est toujours un immense plaisir et tellement instructif !
Une petite question cependant : combien de temps laisses-tu tes macérations dans ton placard ?Merci pour ce joli contenu et même si je n'ai jamais écrit nulle part, je vous lis depuis bien longtemps toutes.
En fait, j'ai des "cristaux" d'ambre qui trempent (renouvelés une fois) dans de l'alcool à 90° depuis au moins un an et c'est une belle déception.
Bon, cet ambre n'en est pas puisque c'est une résine d'acacia parfumée à l'extrait de parfum destinée à faire des pots pourris (à l'époque je ne le savais pas) mais quand même, le parfum est très très léger et surtout bien couvert par celui de l'alcool.(par ailleurs la résine ne s'est absolument pas dissoute)
Depuis, je n'ai pas osé tenter l'expérience avec mon bel ambre gris.
Est-ce que l'alcool à 96° sentirait moins fort que l'alcool éthylique vendu en pharmacie en France?
Ou alors il manque peut-être un fixatif
Sinon, la dilution est une bonne idée.
D'ailleurs il me semble que les eaux de toilettes de parfumeurs titrent en moyenne à 80°(c'était inscrit auparavant sur les bouteilles)
- je n'ai pas bien saisi ce que vous entendez par réduction de teinture, une dilution?
--
Je ne savais pas que les taches provoquées par l'alcool au soleil étaient uniquement le fait des peaux mates.
C'est une bonne nouvelle pour certaines!Bonjour ,
Grâce à vous j'ai en cours des teintures de benjoin , myrrhe , encens oliban , opoponax et ambre en grain (celle ci pour le fun , pas sure du résultat ) dosage 20/25 gr pour 100ml d'alcool à 90°
Aussi, j'observe la premiere teinture de labdanum qui s'ecoule peu à peu du filtre à café en meme temps que je vous écrits ...
Le but ? (à part la déco sur mon etagère ) les inclure en savonnerie !
Mais dans quelle proportion ?
J'envisage un savon transparent parfumé avec une synergie de labdanum ,HE de houblon et HE de santal album ...Outch ! 3 semaines que j'y réfléchis !
Votre avis est le bienvenu !
Savonnesquement , Mag .Bonjour Michèle et Venezia
j'adore ce site et depuis que je l'ai découvert il y a très peu de temps (à vrai dire depuis que j'ai décidé de me lancer dans les parfums maison et crème maison) je n'arrête pas d'y revenir sans cesse et d'y puiser des connaissances. je travaille sur la spagyrie en autre chose et sur les parfums. Nous avons un petit alambic 3 Litres pour les hydrolats et un Soxhlet pour les teintures. Mais j'ai une question et je n'arrive pas à trouver de réponse sur le net, j'ai des cires florales comme le mimosa et le jasmin sambac ou rose de damas (l'odeur est une pure merveille) et c'est beaucoup moins onéreux que les HE ou les absolue mais j'avoue que je ne sais pas comment les travailler je pensais en faire une teinture comme pour la résine. Qu'en pensez vous ? avez-vous déjà testé ?
merci pour vos réponses
SylvieBonjour bambou 35,
Les cires florales sont obtenues à partir d'une extraction (à l'hexane) de fleurs qui donneraient trop peu lors d'une distillation à la vapeur d'eau.
Je te mets un lien vers mon blog où j'explique comment ça se passe:
http://www.princesseaupetitpois.fr/article-32084934.html
lors de cette opération, on obtient une concrète, mélange de cire florale et d'absolue que l'on va ensuite séparer.
je n'ai jamais tenté de faire macérer une cire florale dans de l'alcool, mais tu ne risques rien à essayer.
J'utilise les cires florales notamment pour faire des parfums solides.
Bonnes expérimentationsMa chère Patsch,
Merci à toi. Je n'aime pas faire de l'auto promotion, ça me gène, mais voici quand même le lien :
https://lacabanedepescalune.fr/librairie/363-livre-parfums-fait-maison-de-martine-azoulai.html
J'ai choisi le site de Pescalune par pur copinage, mais on trouve aussi le livre ailleurs, bien que la maison d'édition (les éditions Marie-Claire) ne soit pas si bien diffusée que ça.
Je me suis attachée à inventer des recettes simple et odorantess, avec 3 HE maxi par recette, sauf pour l'eau de Cologne, et il y a bien sûr des recettes sans HE.teinture de benjoin
Bonjour
J'ai voulu faire de la teinture de benjoin en suivant votre recette
N'ayant pas d'alcool à 90° j'ai pris à 60 °. Ma poudre s'est mise en boules et ne se dissout pas du tout.
D'odeur point ! Que se passe-t-il ? Alcool pas assez titré ?
D'avance merci et bien cordialement MadoBonjour Mado,
Première question toute bête: êtes vous bien sûre qu’il s’agit de poudre de benjoin?
Deuxième question: la provenance. Le benjoin dit du Siam ( qui peut aussi venir du Laos) est très parfumé, celui de Sumatra ne sent hélas pas grand chose.
Enfin, 60 degres pour l’alcool, c’est un peu faible, mais vous devriez néanmoins sentir quelque chose. Par ailleurs, je suis étonnée de la formation de boulettes. En tout cas, une macération d’ une résine dans l’alcool doit au moins durer une bonne quinzaine de jours, je laisse mes teintures de resines macerer des mois entiers...Teinture de benjoin suite
Bonjour
Tout d'abord merci pour votre réponse.
J'ai acheté du benjoin en morceaux que j'ai réduis en poudre avec un mortier. Les boulettes qui se sont formées sont moles. On dirait des chewing gum
Quand à la provenance il ni avait rien d'écrit sur le petit sachet; grossière erreur de ma part de ne pas avoir vérifié et demandé!
Je continue de secouer pour mélanger mais je pense que c'est du Sumatra.
A refaire en vérifiant comme il faut les ingrédients!
Encore merci et bonne journée Mado
C'est dans les vieux grimoires que l'on trouve souvent, des bonnes méthodes et que l'on peut enfin faire des bonnes soupes
C'est en lisant sur ton blog, le post consacré
à Christian Escriva et ses teintures alcoolées que je m'y suis mise plus sérieusement et comme tu le soulignes souvent,c'est très gratifiant et magique
et jouer avec les résines et encens exhalte nos "dons" de femme savoir
Toujours merci Venezia