Biwil "pépins de raisin" de Michèle
Pour ne pas que Nin-8 nous sorte encore un savon de derrière les fagots qui va me mettre la pression, je m'empresse de publier le premier que j'ai réalisé.
En le testant encore tout à l'heure, je le trouve très acceptable malgré son odeur inexistante.
Il faudrait un jour lancer un défi sur la recherche d'odeur dans le savon sans huiles essentielles. C'est ce qui m'a semblé le plus difficile avec les deux savons que j'ai réalisés pour ce défi.
L'idée de départ
J'ai reçu en cadeau de la part de Mlk des feuilles de Bois d'Inde, nom local antillais, il me semble. Mais où les trouve t-elle toutes ces plantes?
En plongeant mon nez dans l'enveloppe de papier kraft, j'ai effectué un délicieux voyage dans les cuisines de mon enfance.
Ce sont des feuilles de Pimenta racemosa Myrtaceae, une espèce de laurier très odorant que l'on trouve dans toutes les maisons tropicales et qui sert de condiment de base en cuisine au même titre que l'oignon et l'ail.
Ces feuilles vous débanalisent une sauce en un rien de temps.
Vous connaissez certainement son huile essentielle vendue sous le nom de Bay , Bay Saint Thomas, ou Bay rhum, magnifique odeur épicée et fruitée à la fois.
J'adore cette odeur que je trouve réchauffante et rassurante.
Elle est recommandée pour le cuir chevelu alors pourquoi ne pas en faire un shampooing en barre? Vu l'opulente chevelure que je porte, je ne suis pas vraiment emballée par les soins capillaires qui ne me font pas rêver mais je me lave tout de même la tête...
Puis je me suis résignée à les cuisiner en attendant l'inspiration. J'ai donc réalisé une sauce tomate aux feuilles de bois d'Inde avec des épices, des aromates et des graines. Délicieux!
Et puis j'ai lancé le Biwil au lieu de bosser: Je suis coincée à l'ordinateur en ce moment...
Et puis j'ai voulu ranger le bordel désordre dans la cuisine que je squatte depuis trois semaines avec mes cosmétos. Même que certains râlent parce qu'ils ont soi-disant besoin de la table ronde...
J'ai donc replongé le nez dans l'enveloppe de papier kraft et mon cerveau est parti au quart de tour.
J'ai lâché le rangement de la cuisine et voilà le résultat: Un savon aux 10 graines et au bois d'Inde.
C'est un télescopage cosméto-culinaire comme je les aime.
Les préparatifs
J'ai hésité à faire un macérat glycériné ou huileux, une teinture ou une infusion des feuilles. Je voulais en capter le maximum de parfum et comme il s'extrait facilement à chaud en cuisine (mélange de gras et d'eau), j'ai tenté l'infusion d'abord.
Sa couleur "vin rouge" trompeuse devrait aller parfaitement avec l'huile de pépins de raisins à laquelle je pense très peu en savonnerie.
Je n'ai pas tenté le macérat huileux à chaud mais j'y penserai si je ne mange pas toutes les feuilles.
Je voudrais incorporer des graines dans le savon. Et pour savoir comment se comporte l'huile de pépins de raisin saponifiée, il faudrait que je puisse la tester sans ajouts.
Je décide donc de faire un savon en trois couches.
Voici les gribouillages sur le cahier de préparations:
La formule pour chaque couche
- 30% huile de coco extra vierge bio et si odorante: 150g
- 70% huile de pépins de raisins: 350g
Eau ou Infusion très corsée de feuilles de Pimenta racemosa en glaçons: 100ml (attention, c'est une réduction d'eau!)
Soude pour un surgras de 6%: 70g
2 capsules de vitamine E à 500mg et 5g de lactate de sodium
A la trace de l'une des couches: 10 graines (moutardes blanches et noires, fenouil sauvage ramassé au bord de la mer cet été, cumin, carvi, poivre noir bio et cardamome verte bio offerts par Venezia, baies roses, coriandre du jardin et aneth)
Je fabrique donc trois fois 500g d'huiles que je coule à trois heures d'intervalle:
- une couche avec l'infusion corsée de feuilles de Pimenta racemosa pour dissoudre la soude en espérant garder la couleur rouge dans le savon, l'une de mes éternelles quêtes.
Au contact de la soude, l'infusion rosit et se transforme en beige rosé très doux, finalement très joli.
- une couche blanche sans ajouts avec de l'eau pour dissoudre la soude.
- une couche blanche dans laquelle je rajoute une cuillère à soupe de graines pulvérisées grossièrement au mortier
J'espérais secrètement que les baies roses gardent leur couleur dans la pâte en écho au beige rosé de la couche à l'infusion.
Pour l'instant c'est presque gagné mais je ne suis pas sûre que ça perdure au cours du séchage qui a déjà fait foncer toutes les nuances.
J'ai commencé à découper les barres très classiquement :
Prise d'une inspiration de dernière minute, j'ai eu envie de faire des tours rectangulaires que je trouve finalement bien plus jolies.
Comme ça, ma binôme biwil pourra choisir celui qui lui plait le mieux:
Ce savon a une mousse fine, assez peu dense (heureusement qu'il y a 30% d'huile de coco!) mais il est déjà doux puisque 70% d'huile poly-insaturée dans une formule, c'est vraiment top!
J'imagine que dans quelques semaines, il donnera tout son potentiel même s'il ne sent rien du tout! Bououuououh!
P.S. Quel vocabulaire ont ces savonnières: bibi, pépin... Chapeau les filles !