Je vous l'avais promis, voici donc le second volet de ma ligne de soins quotidiens pour les peaux mixtes et grasses, éventuellement sujettes aux imperfections.
Ce sérum est le soin traitant de la gamme, et je l'ai voulu vraiment très efficace. Je l'ai donc formulé autour d'actifs qui agissent en synergie pour décongestionner la peau, rééquilibrer les productions sébacées et illuminer le teint.
Un sérum, c'est très concentré. À travers ce terme, on désigne non pas le meilleur des crèmes, mais d'autres formules, des condensés d'actifs dont le nombre frise parfois la cinquantaine.
L'idée de départ était de proposer les sérums comme des "cures" annuelles de bienfaits cutanés, un peu comme les compléments en vitamines et minéraux qu'on avale pour aider l'organisme éprouvé par l'hiver. Ils manquaient souvent de fluidité et étaient plutôt réservés aux dames.
Aujourd'hui, le sérum est la quintessence du soin topique. Il regorge toujours d'actifs sélectionnés, mais ne cible plus seulement les séniors. Désormais aérien et délicatement fluide, il est appliqué rapidement et convient donc aussi aux plus pressés.
C'est ce type de soins qui me séduit le plus. Ciblé, efficace mais délicat, raffiné. En plus, ça me permet de ne pas avoir des crèmes hydratantes avec une liste d'actifs interminable. Ce type de crème donne parfois des textures étranges, désagréables, quand ça ne se déphase pas... Et l'odeur est parfois... hum... spéciale, dirais-je.
Je vous livre une formule facilement adaptable (en pourcentages) :
Formule de mon sérum Équilibrance|Rédemption :
- Phase A
. hydrolat (lavande, tea tree, romarin à verbénone, etc.) : q.s.p. 100
. 15 HG concombre (AZ)
. 5 simulgel / Sodium Polyacrylate Plus (INCI similaires mais légèrement différents)
. 4 D-panthénol
. 3 urée
. 2 squalane
. 2 bisabolol
. 1 isopropyl palmitate (ou squalane)
. 1 He (10 palmarosa, 9 géranium, 8 bois de rose, 6 copaïba distillé)
. 0,7 cosgard
. 0,5 xanthane
. 0,3 cuivre-PCA
. 0,3 zinc-PCA
- Phase B
. 10 teinture de géranium (une merveille olfactive sucrée offerte par Venezia)
. 5-10 AHA (ceux d'AZ, dilués à 50%, ajuster selon le votre)
. 2 acide salicylique
. 0,5 teinture de propolis
. 10 gouttes de teinture de consoude (offerte par Venezia)
Pazapas :
- Diluer l'acide salicylique dans les teintures. Ajouter les AHA. L'acide salicylique est soluble surtout dans l'alcool mais des grumeaux peuvent rester malgré tout.
- Dans un bécher, peser l'hydrolat. Y diluer l'urée puis le Cuivre- et le Zinc-PCA, et ajouter un à un les autres ingrédients de la phase B en terminant par le simulgel, puis la xanthane (en mixant bien à chaque fois).
- Ajouter la phase A.
Grâce au mixer, les quelques grumeaux d'acide salicylique sont bien dispersés. De toute façon, j'ai constaté que les gros grains se solubilisaient au contact du simulgel.
- Conditionner en flacon pompe. Pour un flacon avec pipette, réduire la proportion de simulgel à 3% et la xanthane à 0,2-0,3% (selon la votre), et ajuster le pourcentage d'hydrolat pour un total de 100%.
Appliquer le soir en couche fine, sur peau préalablement nettoyée. Un léger picotement peu parfois être ressenti sur certaines zones plus sensibles ou irritées (à la base des narines par exemple).
Commencez par une application tous les deux soirs et augmenter la fréquence jusqu'à chaque soir si vous ne constatez aucune irritation ou sensibilisation.
On conseille parfois de n'utiliser les AHA et BHA qu'en cure, car de tels soins sollicitent beaucoup le renouvellement cellulaire.
Quelques points blancs peuvent apparaître au début des applications. Normalement, ils disparaîtront rapidement. C'est un peu comme à
la fin de l'été et que l'on a pris le soleil : la peau réagit souvent en bourgeonnant, une semaine ou deux après l'arrêt de l'exposition.
Dans ce sérum, j'ai introduit un peu d'extrait de propolis pour palier à ce problème. Ça devrait tuer dans l'œuf toute velléité de l'ennemi. Attention toutefois aux terrains allergiques (aux produits de la ruche ici).
Quelques mises en garde inhérentes à ce type de produit :
- Faire un test derrière l'oreille et au pli du coude, et attendre 24 H pour ne constater aucune réaction.
- Ne pas combiner au gel d'aloe vera. L'association est détonante et peut provoquer rougeurs et sensibilisations.
- Éviter tout contact avec les yeux et leurs contours.
- Si vous constatez une réelle irritation, cessez immédiatement l'application, rincer à l'eau claire et appliquer un soin ou un hydrolat apaisant. Si l'irritation persiste, consultez un médecin.
- Avant toute exposition au soleil, il est souvent recommandé d'appliquer un écran solaire sur les régions où l'on a appliqué un produit contenant des AHA en forte quantité. La peau n'a en effet plus ses cellules mortes qui forment un écran solaire naturel.
Il me semble que la concentration maximum autorisée sur le marché en libre service est de 15 ou 20% en France selon que le soin se rince ou non. Ce soin est dosé à 5% d'AHA d'AZ qui son eux-mêmes concentrés à 50%. Faites le calcul ! ;)
En tout cas, rassurez-vous, on est bien en deçà des concentrations en acides de certaines crèmes du commerce qui peuvent avoir des dosages très haut (j'ai vu un nombre conséquent de crèmes à 15% et le dosage peut monter jusqu'à 20% dans certains masques à laisser poser et à rincer).
Quant à l'acide salicylique, on le dit plus doux que les AHA. On le trouve communément dosé à 2% pour le visage. Zinette, chez qui je me suis fourni, le préconise jusqu'à 3% sur le visage.
Les actifs choisis sont volontairement peu nombreux, mais particulièrement ciblés et efficaces. Costauds diraient certaines... Mais le sérum a l'avantage de permettre de n'en délivrer à la peau que la dose idéale. Bien dosés et bien associés, mes actifs s'avèrent très efficaces même en couche fine.
Mon soin est fondé sur quatres axes majeurs :
- des acides de fruits et de l'acide salicylique : rénovateurs et assainissants
Les acides de fruits sont des AHA (pour Alpha HydroxyAcids) et sont dérivés des sucres de fruit. Ils sont souvent conseillés aux peaux épaisses, luisantes et aux teints brouillés. En dehors des peaux sensibles, ils s'adaptent à tous les épidermes avec un dosage adapté.
Très bons agents kératolytiques (c'est ainsi que l'on appelle les actifs qui "décollent les cellules mortes"), ils ont un effet exfoliant certain et éliminent les surplus de sébum, ce qui illumine le teint par effet "peeling". La peau retrouve son éclat, le grain est lissée, le teint unifié et les pores resserrés. La peau est plus souple et mieux hydratée. Les bains de lait d'ânesse de Cléopâtre, c'était ça : elle recherchait l'action acide du lactate.
Les AHA ont également la faculté de favoriser le renouvellement cellulaire et la production de collagène.
Pour des informations plus pointues, je vous renvoie à la fiche d'AZ.
L'acide salicylique est un BHA (pour Bêta HydroxyAcids) et, oui, c'est lui qui est à l'origine de l'aspirine. Sa nature de BHA le rend plus doux que les AHA.
Comme les AHA, c'est également un excellent agent kératolytique qui possède en plus des propriété bactériostatiques, bactéricides, anti-prurigineuse et anti-fongiques. Outre l'utilisation sur les peaux grasses, mixtes et/ou à imperfections, il est utilisé pour éliminer les cors, les verrues et les pellicules (pour citer les usages les plus courants).
Quelques informations plus détaillées.
L'intérêt des AHA et des BHA est également de rééquilibrer le pH des peaux mixtes et grasses. Pour mémoire, je vous remets le lien qui m'a incité à faire cette ligne de soin.
Les AHA et BHA sont malgré tout d'un maniement difficile. Et il faut vraiment commencer par des dosages faibles et augmenter petit à petit pour trouver son dosage à soi.
Par ailleurs, attentions aux associations avec les AHA et BHA : certaines synergies peuvent être trop fortes pour la peau.
Si un soin à laisser sur la peau est trop rude pour certaines peaux, on peut également créer un soin à rincer, un masque effet peeling bi-hebdomadaire par exemple. J'en ai vu qui associent, apparemment avec succès, les AHA, l'acide salicylique et même des enzymes (pourquoi pas un peu de Régulat ? Notre princesse préférée l'expérimente avec succès. Mais attention, je parlais à l'instant d'associations détonantes... L'effet de synergie peut sans doute permettre d'utiliser des dosages moindres pour une efficacité optimale.)
[EDIT (un mois après écriture de cet article) : j'ai testé, l'association AHA/BHA/régulat est excellente et moins agressive car on utilise une moindre proportion d'acides.]
Mais dans tous les cas, il est très important de commencer avec de faibles dosages et voir comment la peau réagit. (Je sais, je l'ai déjà dit. Trop jeune pour radoter dites-vous ?)
On peut également consulter un dermatologue qui indiquera le rythme des applications et la concentration en acides.
- le duo cuivre-PCA et zinc-PCA : pour rééquilibrer les zones grasses
Ce sont des sels de cuivres et des sels de zinc associés au PCA (acide pyrrolidone-carboxylique) qui est présent naturellement dans le facteur d'hydratation naturel de la peau. L'intérêt réside dans l'absorption optimisée des ions métalliques qui en résulte car ils sont couplés à une molécule que la peau reconnait.
Le cuivre-PCA régule l'activité des glandes sébacées et c'est également un précieux anti-décrépitude.
Le zinc-PCA est également séborégulateur (je me souviens encore de l'époque où le dermatologue m'avait prescrit des gélules de zinc...). Il est anti-inflammatoire, cicatrisant et anti-bactérien (très efficace dans le cas de l'acné).
Dans la même famille, on peut également jouer la carte du myristyl-PCA qui est également efficace contre l'acné.
Plus d'informations sur le cuivre-PCA et sur le zinc-PCA.
Attention, le cuivre-PCA est très oxydant et peu très facilement se réduire en présence d'ingrédient plus oxydable que lui. Dans ce soin, j'ai fait exprès de ne rien mettre qui s'oxyde pour ne pas courir de risque. Mais si le soin blanchi, devient gris (vert de gris en fait) voir carrément marron cuivré, c'est que le cuivre s'est réduit et a oxydé un autre ingrédient. Je pense qu'il vaut alors mieux arrêter l'application.
Le cuivre-PCA est également incompatible avec le cétéaryl glucoside qui le rend inactif. Je pense également que le sucrose stéarate — et peut-être les sucro-esters en général ? — est incompatible avec cet actif car ma dernière crème visage a viré au brun cuivré en moins d'une semaine. Je soupçonne le sucrose stéarate d'avoir joué le rôle de catalyseur.
Le zinc-PCA est beaucoup plus stable et on observe bien plus rarement ce genre de problèmes.
- des agents apaisants : pour éviter les irritations
On a :
. l'allantoïne, également séborégulatrice,
. le bisabolol, composé très apaisant, indispensable selon moi avec les AHA/BHA.
. le D-panthénol, hydratant et anti-inflammatoire,
. l'hydrolats de lavande, frais, purifiant et apaisant.
. la teinture de consoude, très concentrée et réparatrice.
- l'extrait hydroglycériné de concombre frais (AZ) : pour son effet illuminateur de teint et pour ses propriétés purifiantes et séborégulatrices.
Je vous renvoi directement vers la fiche technique d'AZ qui raconte tout ça mieux que moi.
On peut bien entendu ajouter d'autres extraits botaniques, qui peuvent d'ailleurs plus être ciblés anti-imperfection. D'ailleurs, si imperfections il y a, augmenter l'extrait de propolis à 1% voire 2%. Résultat garanti ! Mais l'odeur...
Pourquoi seulement du Simulgel EG / Sodium Polyacrylate Plus ?
Il y a deux raisons à ce choix unique.
- D'une part, il est très difficile de stabiliser une émulsion réalisée avec un émulsifiant naturel contenant autant d'AHA. Même la gelée à l'olivem (réputé pour sa stabilité), pourtant sans phase grasse à émulsionner, n'a pas bien tenu. Il est préférable de se tourner vers des émulsifiants éthoxylés (PEG ou avec des noms d'INCI se terminant en -eth) qui sont biens plus stables.
- D'autre part, je voulais à tout prix une texture la plus conventionnelle possible : gélifiée, aqueuse, glissante, évanescente. D'où également l'utilisation du squalane et de l'isopropyl palmitate qui apportent aussi un brin d'émollience supplémentaire.
Le dosage du Simugel / Sodium Polyacrylate Plus est plus élevé qu'a l'ordinaire car il est très sensible au pH. Avec un pH aussi bas, il n'épaissit qu'à partir de 3% environ (selon la documentation disponible que le site de Copaïba). On obtient normalement une crème légère à 3%, mais un fluide avec les AHA/BHA.
Formule générale de sérum fin et fluide au Simulgel EG / Sodium Polyacrylate Plus (hors AHA/BHA) sur le forum des Céphées.
Autre formule de gel fluide avec cet émulsifiant.
Pour un sérum naturel, je vous renvoie à la gelée à l'olivem 1000 qui est également très agréable à utiliser. Attention, l'émulsion ne tient pas bien avec les AHA/BHA.
On peut également associer le Simulgel à l'olivem avec succès pour empêcher le côté trop conventionnel du Simulgel, et éventuellement en faire une crème fluide légère (en adaptant les dosages pour les acides).
Le Simulgel EG est disponible chez Copaïba en Belgique et désormais chez Zinette, qui propose aussi l'isopropyl palmitate.
Le complexe d'huiles essentielles a surtout été choisi pour être frais, fleuri et légèrement agrume (pour une fois, je sais ce que tu éprouves, Irène, lorsque tu dis ne pas réussir à "raconter" un parfum).
Ces huiles ont tout de même des propriétés astringentes, toniques, anti-bactériennes, régénératrices et, pour le copaïba surtout, apaisantes.
Les peaux plus sensibles pourraient préférer des huiles essentielles plus apaisantes. Et les peaux sujettes aux imperfections pourraient choisir des huiles encore plus traitantes.
Contrairement aux masques effet peeling qui doivent exfolier en peu de temps (un quart d'heure généralement), l'efficacité et les bienfaits de ce type de sérum ne commencent à être visibles qu'à moyen terme (au moins deux semaines).
Mais le jeu en vaut la chandelle ! Quelques points blancs sont certes apparus au début des applications, mais depuis je n'ai jamais eu un teint aussi lumineux et une peau aussi parfaite depuis très, très longtemps. Beaucoup de gens autour de moi m'ont trouvé moins fatigué aussi, preuve que le changement est vraiment visible.
Mes actifs ont vraiment bien tenu leurs promesses.
Quant à la texture, une merveille ! J'adore. Tout simplement. C'est exactement comme je voulais : frais, aqueux, glissant, gélifié, ultra-pénétrant. Et l'odeur sied particulièrement bien à cette texture, tout comme la couleur bleu-vert du cuivre-PCA.
Vraiment, je ne saurais que trop vous conseiller de tenter l'expérience !
Bon... Je viens de me relire : j'en ai encore écrit des tartines. Ça devient une mauvaise habitude. Mais, promis ! Je me soigne pour le troisième volet.
Mais vous n'allez pas le croire, j'ai essayé de faire court !
Pardon pour l'indigestion...
Je tiens aussi à remercier ma douce Irénée pour le temps qu'elle a passé à relire cet article et ses suggestions qui m'ont été fort utiles. Merci ma belle !