Baume fluide en tube ou flacon pompe
Pour les pieds de mon voisin qui souffrent de kératose, j'ai fabriqué un baume fluide en tubes et en flacons pompes plus pratiques à mettre dans le baluchon à emporter lors d'un séjour en voilier.
J'ai déjà testé ce baume dont j'apprécie le contact baume, la rinçabilité due aux sucro-esters (sucrose laurate et stéarate) et surtout le conditionnement en tube drôlement pratique: l'alliance idéale.
Et tout ça pour une bouchée de pain mais la formule contient du triheptanoin en premier ingrédient sur la liste INCI et je n'en possède pas.
C'est une huile d'origine naturelle, très aidée par la chimie tout de même mais elle est fluide, pénétrante et peut se mettre indifféremment dans les émulsions eau dans huile comme les émulsions huile dans eau.
J'ai déjà écrit des formules avec du sucrose stearate et du sucramulse/gélisucre mais j'ai manqué de temps pour les réaliser.
Devant l'urgence car il part rapidement, j'ai fait un baume classique à la lécithine.
L'original est plus pâteux et "tenu" à la sortie du tube que le mien qui s'étale à l'application alors que dans le bol de fabrication, c'est un baume onctueux et coulant mais pas une huile.
Je pense que le fait d'extruder à travers la pompe "aplatit" la texture. Le toucher et la pénétration semblent identiques.
Outre l'absence de triheptanoin, la lécithine donne des produits plus mous que les émulsifiants.
La kératose plantaire (ou palmaire) demande des soins constants avec râpe et crèmes grasses riches en vitamine A et E voire urée comme le médecin l'a ordonné.
L'été, pieds constamment nus et soumis à l'eau de mer pendant 15 jours, ça devient carrément compliqué car il faut rincer or l'eau douce est rationnée.
Devant le dilemme, j'ai évoqué l'idée d'un baume...
- C'est gras?
- Ben oui, c'est du 100% gras
- Ah, 100% gras...
- Je peux faire un baume qui pénètrera vite surtout sur peau humide. On pourrait même imaginer que tu en mettes avant de te baigner, ce sont des produits naturels, ça ne polluera pas la mer (c'est un pêcheur émérite); En tous cas pas plus que les crèmes du commerce.
J'ai donc repris la vieille formule de baume que j'ai déclinée ici, diminué la quantité de cire, augmenté celle de la lécithine et celles des huiles choisies pour nourrir et traiter.
Cela donne un baume fluide.
Dans "l'Aromathérapie, se soigner par les huiles essentielles, Ed. Amyris" Dominique Baudoux préconise pour les kératoses, une synergie à base de trois huiles essentielles (romarin ct camphre, pin maritime, eucalyptus mentholé) identique à celle des cors et durillons dans lesquels il y a une notion de douleurs irradiantes.
Ce n'est pas le cas ici.
Je garde ces notes pour le parfum frais mais je choisis des HE plus faciles à utiliser et sans effets secondaires majeurs pour un adulte:
- Pin sylvestre (tonique général, anti-fatigue)
- Eucalyptus globulus indien (antifongique, rafraichissante) merci Chabou
- Romarin ct verbenone (tonique cutané)
- Lavande fine (cicatrisante, antiseptique, calmante)
Formule d'un baume fluide (pour tubes ou flacons pompe)
- 76% huiles végétales fluides
- 10% cire d'abeille de l'apiculteur
- 5% de kpangnan (ou karité, beurre souple)
- 4% lécithine liquide
- 3% glycérine végétale bio
- 1% vitamine E
- 0.5% Aox Cos
- 0.5% HE
Mon choix d'huiles végétales
les 76% ont été réparties comme suit:
- 25% d'huile de jojoba bio
Cire liquide, pénètre vite, forme un film protecteur intéressant quand les pieds sont soumis à une humidité constante, protège de le déshydratation
- 20% d'huile de chaulmoogra (Bilby)
Très intéressante pour les états squameux (cuir chevelu à pellicules), peaux eczémateuses et à psoriasis, je compte également sur son action antibactérienne.
Sur un voilier, on peut se blesser les pieds.
- 15% d'huile de kukui (Aleurites moluccana, quel joli nom, on y va aux Moluques?)
Très riche en omega 6 et 3, elle serait intéressante pour traiter le psoriasis et les peaux abimées et déshydratées.
- 10% d'huile d'olive bio désodorisée
Très nourrissante et assouplissante grâce aux omégas 9 (acide oléique), je l'ai choisie en version désodorisée car le chaulmoogra se suffit à lui même côté odeur...
- 6% d'huile de rose musquée bio
Pour sa richesse en rétinol précurseur de la vitamine A que cette personne utilise déjà dans sa crème habituelle.
Les huiles de kukui et de rose musquée sont sensibles à l'oxydation et ont été introduites le plus tard possible. Ce baume sera soumis à la chaleur de l'été, je l'ai protégé grâce à 0.5% d'antioxydant efficace (Aox cos).
Le baume est pénétrant et ne durcira pas dans les tubes et les flacons pompe.
Je l'ai malaxé le plus longuement possible puis coulé au refroidissement.
L'odeur est fraîche et rafraichissante.
A 0.5% d'huiles essentielles, elle est discrète mais couvre bien le chaulmoogra.
Au lavage des instruments et ustensiles de fabrication, l'eau est devenue lactescente grâce à la présence de lécithine.
J'imagine très bien cette formule déclinée en baume démaquillant.
Je l'ai bien sûr testé en malaxage sur le visage et la "rinçabilité" est parfaite. Il suffira d'adapter les huiles qui conviennent au type de peau que l'on veut nettoyer.
La mise en tubes plastiques est très pratique pour les démaquillants qui peuvent trainer sur le bord du lavabo sans craindre les chutes.
On verra en septembre à son retour si mes baumes fluides ont "fait la job" ... sur les pieds !