Brut de Laurier
L'automne voit revenir chaque année deux choses qui me font prendre quelques kilos, que je reperds difficilement après les fêtes : le raisin, que je mange avec du pain et du fromage de cantal doux et le coing dont je fais de la pâte.
Au début, j'avais des coings sauvages du midi, odorants, rabougris et quelques fois habités, mais qui donnaient une pâte d'une saveur incomparable, ou comparable à la pâte d'azeroles, leçon de patience de mes grand-mères et qui faisait nos délices.
Maintenant, exilée et n'ayant plus de garrigue où ramasser les coings, je les achète au marché mais il leur manque toujours un peu de soleil. Tant pis, tant que je pourrai tourner le presse-purée pour passer les fruits, il y aura du "membrillo" chez moi en automne.
Alors, me direz-vous, quel rapport avec le titre de brut de laurier. Vous ne voyez pas ? C'est normal, difficile de trouver si on ne sait pas, sauf de rares personnes qui l'ont testé, ce savon qui me donne un mal de chien chaque année.
....Dans le sud-ouest par contre, les lauriers foisonnent et j'en ramasse les baies à maturité pour en extraire une toute petite quantité d'huile que je mets dans mes savons pour les peaux à problèmes.
"Mettre les baies à bouillir dans de l'eau et recueillir au fur et à mesure l'huile verte qui surnage dans les bouillons. Mixer ensuite les baies et refaire bouillir, on extrait encore un peu d'huile, cuillerée après cuillerée. Mettre au réfrigérateur, l'huile se prend sur l'eau qu'on ne peut éviter de prélever avec. Recueillir l'huile et s'il reste de l'eau, sécher très doucement au bain marie."
Vous pouvez aussi acheter tout simplement l'huile de baie de laurier, c'est plus rapide et plus simple ^_^
Bien, vous ne voyez toujours pas le rapport avec le coing ? C'est encore normal.
Comme la cuisson de ma pâte, cette année et l'extraction de l'huile des baies de laurier tombaient le même dimanche, j'ai eu l'idée, ni sotte ni grenue, de garder l'eau de cuisson des coings pour diluer la soude de mes savons. Pourquoi ? Ni tengo idea. Sin rason.
Juste, ça me plaisait bien.
Vous voyez, maintenant ?
Alors voilà ce savon, toujours trop vite distribué mais dont j'ai sauvé un morceau pour le tester enfin, hier.
Pour 2184 grammes d'huiles :
- 112 g de beurre de cacao
- 608 g d'huile de coco
- 320 g de beurre de karité
- 464 g d'huile de palme équitable
- 320 d'olive pomace (aceite de orujos de oliva, de l'autre côté)
- 320 d'huile d'olive bio, macérée avec du thym frais, du romarin et des feuilles de laurier
- 40 g d'huile de chanvre
à 7% de sur-graissage
j'ai ajouté :
- 55 g d'huile de baies de laurier, (plus un peu de sueur de mon front...mais nonnnnn !)
- une cuillère à soupe de spiruline
- le suc de trois branches d'aloé vera
- 125 ml d'eau de coing
- 40 g de lactate de sodium
- 10 gélules de vitamine E
- huiles essentielles de thym, de romarin et de laurier, 5 ml de chaque pour cette quantité.
Un savon dur mais d'une douceur réellement à tomber, je suis la première surprise.
Michèle avançait que la pectine du coing y est pour quelque chose, sans doute ; ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il y a aussi le sacrifice des trois grosses tiges d'aloès de mon balcon, charnues à souhait, que j'ai pelées et mixées pour ajouter le suc à la trace.
L'odeur est un peu sauvage, l'aspect brut de décoffrage mais le toucher très doux, presque comme un gel de douche synthétique.
Comme quoi, il est aussi facile d'imiter (sans le faire exprès) le synthétique avec du naturel que l'inverse, CQFD !