"À l'insu de mon plein gré" : Crème aérienne pour les pieds et les mains sèches
Cérat ? Beurre ? Crème ? Une émulsion que je ne savais pas nommer à cause de son histoire. En tout cas, une belle texture fine que j'ai obtenue... à l'insu de mon plein gré !
Je voulais du nourrissant et très filmogène pour les pieds que j'ai très secs et pour les mains qui le sont encore plus (elles desquamment régulièrement, pèlent... bref ça rape et c'est désagréable !
J'ai d'abord voulu faire un cérat de Galien sans borax (ça aurait été mon premier !) mais je suis un "homme qui n'aime pas le gras". Je me suis donc tourné vers le cérat-crème de Venezia. Mais je n'aime pas les soins trop cireux et surtout les soins qui ne pénètrent pas en un éclair. Pour masser, je préfère les baumes aux émulsions (homme qui n'aime pas le gras vous avez dit... ?)
Je me suis donc inspiré de d'une amie aux recettes très novatrices, à la patte inimitable et qui a un effet bœuf sur mon cerveau chaque fois que je vois une de ses formules.
Voilà donc de nouveaux co-émulsifiants débarquer dans l'affaire pour créer un système émulsifiant complexe auquel je dois très certainement la finesse de cette crème.
J'ai également voulu utiliser des ingrédients assez courants et surtout polyvalents : cire d'abeille dont je n'ai absolument pas l'habitude en émulsion, surtout dans de telles proportions, lanoline végétale, un de mes co-émulsifiant préféré, glycéryl stéarate VE, toujours fidèle, lécithine chère à mlk et bonne pour tout.
Texture fine, fondante et souple
Un petit nouveau dans l'histoire, déjà testé pour la finesse, la légèreté et la rondeur cosmétique qu'il apporte dans une crème : le stéarate de sodium ou savon d'acide stéarique.
Je l'ai déjà testé dans un crème beurrée pour le corps (non publiée) au sucrose stéarate (théoriquement sans surprise, j'en ai l'habitude) qui devait être une crème fluide : le stéarate de sodium s'est alors révélé un puissant épaississant (dosé à 2% seulement).
Quoi qu'il en soit, le stéarate de sodium a considérablement allégé cette crème : il lui a donné une crémosité incroyable, une légèreté et une rondeur très appréciable mais également une pénétration et, couplé au sucrose stéarate, une hydratation incroyable. Vénézia l'a très bien décrit en parlant d'une hydratation longue durée qui garde la peau bien fraiche tout au long de la journée.
Dans ma crème mains et pieds secs, le stéarate de sodium sert non seulement à majorer l'hydratation et l'émollience mais aussi à éviter l'effet macération des pieds dans les chaussettes et les sensations désagréables avec un produit aussi filmogène.
Michèle présente le sodium stéarate dans ce baume crémeux
D'autres émulsions au stéarate de sodium chez Cristine.
Le sodium stéarate mousse lors de sa dilution dans l'eau
Au final, mon soin possède une finesse de texture, un glissant et une pénétration qui me laisse pantois. Je l'ai même testé sur le corps et... il a fait la job ! ... peut-être un peu trop filmogène mais c'est tout.
Formule de la crème mains et pieds "À l'insu de mon plein gré" :
- phase huileuse
8 karité
7 huile d'avocat du Burundi (Merci Moune !) Depuis le temps que je tournais autour sans l'utiliser
7 macérât de millepertuis sur olive et carthame (merci Michèle !)
6 isopropyl palmitate (IPP)
4 lanoline végétale
3 cire d'abeille
3 cire de riz
2 glycéryl stéarate (VE)
2 cetyl palmitate
1 lécithine liquide AZ
0,3 antiranz (chez Zinette)
- phase aqueuse
43 eau
5 glycérine
2 urée
2 sodium stéarate (version micronisée de chez Zinette mais la version faite maison est possible)
- troisième phase
4 huile de chanvre
0,7 cosgard
Acide lactique pour rectifier le pH à 5 env.
Les formules contenant du sodium stéarate sont très basiques et ont vraiment besoin d'être rectifiées.
*** Protocole de fabrication classique ***
La belle couleur de la phase huileuse due au macérât de millepertuis, la finesse de la crème juste après l'émulsion, et au débullage
La crème est verte à cause de l'huile de chanvre et de l'huile d'avocat. Elle est souple au toucher mais tient parfaitement en pot. Elle est bien lisse et brillante.
À la dernière minute, pris d'une inspiration soudaine, j'ai voulu parfumer légèrement cette crème qui sentais quand même pas mal les huiles choisies, j'ai ajouté l'équivalent de 10 gouttes d'huile essentielle de Petit Grain Citronnier.
La proportion est très faible, mais le parfum est étrangement très présent et, près d'un mois après la fabrication, il s'est fondu dans celui des huiles pour donner un résultat vraiment agréable.
Enfin... les testeuses pourront vous en parler également.
Le chemin a été long depuis le cérat, mais je crois que ça en valait la peine. La pénétration est vraiment très fine, aqueuse même et l'effet filmogène n'est pas aussi prononcé que je l'avais craint. Il permet un léger massage si on le souhaite et laisse les mains soyeuses.
Le résultat après un mois d'utilisation est au dela de mes espérances. Mes mains sont souples et douces, mes pieds également ! Bref, j'adore cette crème !
Surtout, c'est l'une des meilleures textures que j'ai jamais eu, elle m'ouvre pas mal de nouveaux horizons et de nouveaux tests en perspective.
La texture juste après conditionnement et plusieurs jours après
Ce qui me laisse vraiment stupéfait, c'est le glissant extraordinaire (pourtant avec si peu d'IPP), l'effet sans trace blanche et la légèreté de cette crème malgré la très forte proportion de gras.
Bon, je m'explique aisément la légèreté (due sans doute au sodium stéarate et à la lécithine), mais pour ce qui est du glissant et de l'effet sans aucune trace blanche, je sèche totalement. Les pistes que j'entrevois, au choix :
- après ce que m'a appris Alikea sur les Céphées à son sujet, la lécithine,
- le sodium stéarate qui est, après tout, un savon, et on sait que le savon en émulsion améliore le glissant,
- la forte proportion d'agents de texture que sont les cires, le cetyl palmitate, et dans une moindre mesure peut-être le glycéryl stéarate.
J'ai fait récemment une crème-beurre corporel avec le même type d'ingrédients mais moins de lécithine, moins de sodium stéarate, avec de l'oliwax à la place des cires (à 3%). J'ai une belle trace blanche ! Je mangerais bien mon chapeau si j'en avais un !
Le mystère reste donc entier.
Et vous, avez-vous une petite idée... ?