Le lait du (voyageur) rêveur
Je me suis approvisionnée, il y a peu de temps, en émulsifiants VE (glycéryl stéarate) et MF (Sodium stearoyl lactylate) dont on dit qu'ils permettent de jouer sur les textures pour aller de la crème au lait trés fluide.
Vivant en pays chaud, j'apprécie la légèreté et la fluidité du lait et je trouve qu'il peut se décliner à l'infini, pour hydrater, parfumer, traiter, satiner, protéger le corps, selon la formule utilisée, du lait hydratant au lait anti-moustiques, toutes les combinaisons sont intéressantes.
J'ai donc demandé conseil à mon "professeur" Michèle qui m'a gentiment indiqué les proportions à utiliser pour obtenir un lait fluide avec les émulsifiants VE et MF.
Je viens de tester une petite recette de ma composition à visée plutôt hydratante. Elle est perfectible bien sûr mais je suis heureuse d'avoir obtenu un beau lait fluide (qui ne se sépare pas....) avec une proportion si faible de corps gras.
Voici donc la composition de base indiquée par Michèle pour obtenir un joli lait fluide avec VE et MF :
- 6 % d'huiles végétales
- 1,5 % d'émulsifiant VE (à ajouter en phase huileuse)
- 0,5 % d'alcool cétylique (à ajouter en phase huileuse)
- 2,5 % d'émulsifiant MF (à ajouter en phase aqueuse)
- le reste en eau, hydrolat et ajouts de la 3ème phase, soit 89,5 % au total pour arriver à 100.
Petite précision d'une grande importance à propos de l'eau évaporée en cours de fabrication :
Il faut peser le bol vide dans lequel on met la phase aqueuse, noter le poids, sachant qu'à la fin de la fabrication, on devrait obtenir en le pesant, un poids égal au poids du bol vide + le poids total du produit qu'on a décidé d'obtenir - le poids de la 3ème phase (qui ne sera ajouté qu'après refroidissement). Donc à la fin du mélange des 2 premières phases, peser le bol, ajouter le poids d'eau chaude qui manque et bien mixer.
En effet, l'eau s'évapore beaucoup pendant le chauffage et il faut compenser la déperdition, au risque de ne pas obtenir ce que l'on voulait.
Mode opératoire :
- Chauffer les deux phases à 70 °, verser la phase huileuse dans la phase aqueuse et mixer (de préférence avec un mixer à pied puissant) pendant 5-10 minutes.
- Mettre à refroidir dans un bain d'eau fraiche en continuant à mixer.
- Quand le mixer commence à peiner, continuer avec un fouet manuel ou une spatule.
Vous obtenez un joli lait pompable. J'ai agrémenté le mien de quelques gouttes d'orcanette infusée dans de l'huile de pépin de raisin pour obtenir un lait rosé.
Il aurait pu être plus fluide mais la précision des mesures est trés importante dans ce genre de produit.
On obtient toujours des calculs comme "0,5 gr" et c'est trés difficile de respecter cette précision lorsque l'on n'a, comme moi, qu'une balance qui mesure seulement au gramme mais on y arrive avec un peu d'application. Je compte quand même me procurer une balance de précision car je suis plutôt perfectionniste et, n'ayant pas l'intention d'arrêter de sitôt la fabrication de mes petits produits, je veux pouvoir utiliser tous les actifs aux proportions exactes.
De plus, cela doit aussi vous arriver, parfois je mets mes produits et la balance ne bouge pas puis, d'un coup, elle fait un bond et je me retrouve avec plusieurs grammes de trop, ce n'est pas bien pratique...
Parfois je fais un peu de récupération mais ce n'est pas toujours facile... donc j'estime qu'à ce stade une balance plus précise ne serait pas du luxe (si vous avez des tuyaux à ce sujet, je suis preneuse).
Pour mon prochain lait, je ferai chauffer, ensemble, tous les éléments des phases huiles et eau... pour voir...
La composition de ce lait pour environ 200 gr de produit :
Phase huileuse :
- 3 gr d'HV andiroba
- 4 gr d'HV inca inchi
- 5 gr de macération de fleurs de camomille dans HV pépin de raisin
- 1 gr de vitamine E (acetate BP/USP)
- 3 gr de VE
- 1 gr d'alcool cétylique
Phase aqueuse :
- 150 gr d'eau déminéralisée
- 24 gr HA rose de Damas
- 5 gr de MF
- 1 gr d'extrait de soie (j'ai fait du repêchage mais j'ai bien dû en mettre plusieurs grammes... lol ..)
Phase trois :
- 1 gr d'aloe vera concentré X 40
- 5 gttes extrait CO2 de rose
- 5 gttes extrait CO2 d'argousier
- 3 gttes de germall+ (en attendant de trouver mieux et aussi efficace en pays chaud, ou conservateur de votre choix à ajuster selon dosage usuel)
- 15 gttes au total d'huiles essentielles ramenées de Mysore lors de mon voyage en Inde:
* bois de santal
* jasmin noir
* water lily (une variété de nénuphar)
Je craignais d'avoir mis trop de water lily qui sent trés fort mais, une fois sur la peau, l'ensemble dégage un parfum fleuri et chaud à la fois que j'aime bien.
Ces huiles essentielles, outre leur parfum qui enchantent mes narines, réunissent quelques propriétés intéressantes.
Le jasmin est l'une des huiles les plus utilisées en Inde. L'histoire raconte que Krishna a fait la cour à sa femme en lui offrant de l'huile de jasmin. Cette huile est utilisée dans la plupart des grandes occasions de fête.
Le jasmin noir serait particulièrement efficace contre l'eczema, le sporiasis.
Le water lily est peut-être l'huile la plus importante en Inde. Elle est utilisée comme anti-moustiques : 2 à 3 gouttes frottées sur le corps le protégerait pendant 7 à 8 heures (je l'ai testée pendant mon séjour en Inde, je n'ai pas été piquée). Elle est trés utile en Inde du Sud pour éradiquer la maladie de l'éléphantisme où elle sévit.
Quant au santal, c'est mon chouchou, à cause de son odeur mais aussi de ses multiples propriétés thérapeutiques bien connues :
antispetique, anti-inflammatoire, décongestionnant et régénérateur veineux, calmant, sédatif, équilibrant, régénérateur de la peau, diurétique, mucolytique, aphrodisiaque (réveil l'appétit sexuel de l'homme en stimulant la production de testostérones)...
Dans son livre L'aromathérapie énergétique, guérir avec l'âme des plantes, Lydia Bosson précise ses propriétés énergétiques :
- apaise le stress, la nervosité, l'impatience, la dispersion mentale, l'épuisement nerveux,
- combat l'agressivité, l'égoïsme,
- purifie l'ensemble des chakras,
- unifie les corps physiques, mental et spirituel,
- aide à trouver équilibre, paix et sérénité intérieurs,
- développe la relation et la compréhension avec autrui,
- ouvre à l'amour universel,
- aide à trouver son chemin spirituel, invite à la méditation.
Et dans l'introduction qu'elle fait pour chaque huile de son livre, elle écrit ceci à propos du bois de santal :
"Le bois de santal a une longue histoire dans la vie culturelle et spirituelle en Asie. Exploité pour la sculpture de meubles ou de statuelles, ou pour la construction des lieux saints, il est aussi brûlé sous forme d'encens dans les temples indous et bouddhistes."
On l'utilise notamment lors des mariages ainsi que pour embaumer les morts et permettre à leurs âmes d'intégrer une nouvelle vie.
Partie prenante des rituels spirituels en Inde, le bois de santal, traditionnellement associé aux méditations, favorise la découverte de son moi intérieur et de son essence divine.
Les Hindous ont coutume d'appliquer de la pâte de bois de santal sur le 3ème oeil. Dans le bouddhisme, il est utilisé pour se protéger contre les démons et les parasites de tout genre. Pour les écoles de Tantra, il est relié tant au chakra des racines qu'au chakra coronal et sert à réveiller la Kundalini et à la transformer en sagesse spirituelle.
Sa place est aussi prépondérante dans la médecine, qu'elle soit chinoise, tibétaine ou indienne ayurvédique, afin de combattre les troubles liés à un excès de Pitta."
N'avez-vous pas un peu voyagé en imaginant la provenance des huiles végétales d'andiroba, d'inca inchi, des huiles essentielles indiennes ?
moi si, comme d'habitude. A défaut de voyager, laissons-nous aller au rêve, c'est si bon.
Un grand MERCI à Michèle pour ses conseils et tout le reste...