Baume aux douze plantes
J'avais préparé un pot de crème à mains pour ma gentille "assistante technique". Elle travaille sans gants et ne prend pas grand soin de ses mains. Après quelques visites à la maison, elle me dit "tiens, elle va bien, ta crème. Elle vient d'où ?" Ben oui, difficile de deviner, sans étiquette !
"Ben, c'est moi qui l'ai fait."
"QUOI ? c'est possible, ça, de faire de la crème ?"
"Ben... oui, A."
"Ha !!! Et... tu crois... qu'on peut faire quelque chose, pour les mains de ma maman ? Elle a de l'eczéma dans ses mains. On a "fait" tous les dermatos, on a même été au "grand hôpital" !"
Ça ! Aller au "grand hôpital", pour les ardennais, c'est le dernier recours ! Si le grand hôpital, n'a rien pu y faire "la messe est dite" comme disent les ardennais.
Mais, la maman en question, elle a 78 ans. Nous sommes assez mises en garde en ce qui concerne l'usage des huiles essentielles pour les personnes de cette tranche d'âge.
J'avais mes pots de macérat à toutes sortes de bonnes plantes cueillies cet été au jardin ou autour de chez moi. Puisque "la messe était dite", on ne risquait pas le ridicule, si on n'arrivait pas à un meilleur résultat que le grand hôpital, n'est ce pas ?
Mes macérats étaient "pensés" pour les peaux sèches, pour cicatriser, pour apaiser les démangeaisons diverses. Après avoir compté le nombre de plantes, j'arrivais à onze... "Baume aux onze plantes" Ppffff ! J'aimais pas bien ça.
"Baume aux douze plantes" ça serait mieux ! J'aurais pu mieux choisir celle qui allait donner le nom à ce baume. Mais, on était pressée, n'est-ce pas ...
J'ai ouvert le pot contenant le macérat de calendula sur coco fractionné et rajouté une bonne poignée de chèvrefeuille ! N'importe quoi ! Tant pis, ça me faisait 12.
Puis, j'ai tout de même papoté longuement avec Baudoux, Roulier, et mes autres copains. Même si certaines He reviennent souvent pour traiter l'eczéma, je me rends compte qu'il y a plusieurs sortes d'eczéma. Ouch ! Elle a lequel, la maman ?
Je me dis aussi : si je lui dis d'être prudente, vraiment prudente, si je fais un baume si fondant, qu'elle ne devra en prélever qu'une infime quantité...
Si je le coule dans un bocal si étroit, qu'elle ne pourra y glisser que la pointe d'un doigt... Alors, elle ne se fera pas de mal.
Il me fallait tâcher d'apaiser ces démangeaisons que me signalait sa fille. Encore d'autres huiles ! Comment faire un tri judicieux ? Bon, pas de tri ! je mets tout ! Fallait oser, hein dites ! Tant pis pour l'odeur, tant pis pour la couleur, seul le résultat comptera, me dis-je.
Le mélange d'huiles essentielles apaisantes, cicatrisantes, anti-eczémateuses a fini par me donner un pourcentage énorme...
J'ai donc groupé mes macérats dans un bain-marie. Le calendula , si jaune, si beau, s'est transformé en horrible marronnasse dès l'ajout de la graisse aux plantes vertes. Je comptais sur l'extrait d'argousier pour "m'arranger" un peu tout ça.
Quelle n'a pas été ma surprise, à l'ajout des gouttes : de marron indéfinissable (j'ai bien un nom, mais ça ne se dit pas, hein dites) mon liquide s'est peu à peu coloré en un fabuleux vert émeraude. je le dis moi-même, fabuleux ! Je n'y suis pour rien ; ça m'a fait penser aux soeurs Tatin ! Allez savoir pourquoi !
J'en ai rempli les quelques petits bocaux qui me servent pour les pierres à odeur, étroits ! Parfaits comme je voulais.
Vous voudriez bien savoir ce que ce baume a donné sur les mains. Les mains de la maman d'A. sont presque guéries. Si elle prenait la peine de mettre des gants pour laver ses vitres à l'ammoniaque, je suis convaincue qu'elle aurait des mains de jeune fille.
L'odeur ? Je ne sais pas la décrire. les copines qui ont reçu un des ces petits pots pourront sans doute en parler.
Je fais de mon mieux pour vous ... tracer la formule pour 120 grs de produit environ ; ce n'est pas évident pour moi, je suis fort brouillonne :
- 20 grs macérât de millepertuis sur coco fractionné, huile de pépins de raisin et huile d'olive de Crête
- 20 grs macérât de lavande, tilleul, camomille romaine, allemande, mauve sur huile d'olive
- 20 gr macérât de calendula et chèvrefeuille sur coco fractionné
- 13 grs macérât de bourrache, consoude, plantain et achillée sur coco bio cosmétique du Maroc (celle-là je l'appelle ma graisse vert...)
- 3 grs de beurre de karité de Côte d'Ivoire
- 3 grs de beurre d'argan (comme Michèle)
- 5 grs d'huile végétale de Calophylle inophyle ou Tamanu (Copaïba)
- 5 grs d'huile végétale vierge d'avocat du Burundi (particulièrement riche en insaponifiables)
- 10 grs de beurre de cacao
- 10 grs de cire d'abeille (de l'apiculteur du village d'à côté)
- quelques paillettes de cire de carnauba
- anti-oxydant aox-cos (j'en ai déjà mis dans les macérâts)
- vitamine E : 5 gélules
- 10 gouttes de centella asiatica (des grosses gouttes, non pesées)
- 5 gouttes d'extrait CO2 d'argousier
- 0,3 grs d'aloé vera concentré x200 (ajouté comme ça dedans, mélangé tranquillement)
Le mélange d'huiles essentielles :
120 géranium rosat
75 lavande vraie
60 bois de rose
45 tanaisie annuelle
15 lavande aspic
10 achillée
5 ajowan
+ le reste d'un flacon de camomille (très peu)
A tête reposée, j'ai pensé que j'aurais pu ajouter du soothex, un peu de biosaccharide anti-inflammatoire, un chouia de bisabolol.
Mais, le résultat dépasse déjà largement mes espérances.
Je remercie infiniment Catherine, pour sa patience, le travail qu'elle devra encore fournir avant que ma petite formule soit digne de figurer par ici. Sans elle, sans vous , elle resterait dans mon carnet.