Huile délicate au mûrier sauvage
Lorsque Venezia a raconté ses herborisations à Roscoff pendant le confinement, j'ai aimé ce qu'elle faisait avec les ronces. Au lieu de faire ma gourmande en n'y cueillant que les mûres, je suis retournée en forêt chercher quelques jeunes feuilles et fleurs.
Rosaceae courante, envahissante et énervante car toutes ses parties piquent beaucoup, le mûrier sauvage ou les ronces (Rubus fruticosus) sont intéressantes quand on aime utiliser les "mauvaises herbes".
Les fleurs et les feuilles peuvent se consommer en tisanes pour leurs propriétés astringentes de l'estomac, de l'intestin et comme tonique veineux. Il est possible aussi comme venezia d'en faire des gargarismes ou des bains de bouche.
Dès que les branches sont matures, elles prennent la coloration rouge du fruit et montrent ainsi leur richesse en anthocyanes, excellents antioxydants.
Je les ai regardées plus attentivement du coup, et j'en ai consommé en tisanes avec un trait de jus de citron mais aussi en Ice herb tea, bien froid avec des glaçons et sucré au miel de ronces évidemment (c'est moi ou le miel bio est devenu hyper onéreux?).
J'ai mis une poignée de pétales et très jeunes feuilles morcelées à macérer à chaud dans de l'huile de jojoba pendant que je cherchais quelques indications dans un excellent livre dont je n'ai jamais parlé ici.
Claudine LUU, Docteur en pharmacie est très active dans le domaine de l'enseignement et de la recherche en matière de plantes médicinales. Elle a publié de nombreux ouvrages sur le sujet, a créé et dirige l'IMDERPLAM.
Cet institut propose une formation semble t-il très complète et très alléchante sur ce domaine (Mlk ton avis ?).
Ce livre sur les huiles solarisées est très complet, bien écrit et répertorie toutes les plantes que l'on peut mettre en macération dans des corps gras. Il me fait un peu rire parfois mais il est sérieux, un peu alchimique aussi.
"Les huiles de fleurs solarisées, à faire soi même"
Dr Claudine LUU
Ed. Dangles
La procédure traditionnelle et assez complexe est décrite en page 33.
- On ne coupe pas les plantes, surtout pas les fleurs!
Claudine dit que cela "induit la fuite d'énergie, celle-ci se faisant à l'endroit des fragmentations".
Ouais...
- On soumet les macérats au plein soleil pendant 3 semaines en les posant "directement sur le sol afin que les forces de la terre restent présentes dans la plante".
Les 3 semaines démarrent le dimanche et se terminent le samedi.
Le jeudi de l'Ascension tombe un jeudi Claudine.
Je fais comment pour aller chercher les plantes là le dimanche. Hein Claudine?
Dimanche c'est le BBQ du chef du village, on ne peut pas déserter pour aller chercher des ronces... Toi aussi!
- Si pendant la durée de cette période, il y a pleine lune, on couvrira le bocal avec un tissu foncé, noir de préférence pour ne pas annuler une partie des bénéfices de la solarisation.
Quitte là Claudine!
Et si on veut soumettre nos plantes à toutes les énergies de la nature, lune et soleil.
Hein, où est ton problème Claudine?
A propos des ronces (page 178), Claudine LUU propose d'utiliser les jeunes pousses avec fleurs dans une huile solarisée à "visée tonique". Elle peut être utilisée en "massages pour redonner des forces et du tonus".
Elle "tonifie les peaux flasques" Voilà Claudine, là c'est bon! et les visages à peau grasse. Tu recommences ou quoi là?
Je pense que les peaux grasses ne doivent absolument pas être traitées avec des huiles macérées si longtemps au soleil sous peine d'être soumises à des acides gras rances source de sébum oxydé et de boutons.
Cette huile macérée peut également être utilisée en bains de bouche pour calmer les irritations de la bouche et de la gorge. On peut en trouver une trame sur Potions et chaudron dans mon huile buccale ayurvédique. Voilàààà Claudine!
Bien... Vous l'avez compris, je n'ai pas fait comme ma consoeur Claudine, je suis rebelle.
J'ai chauffé au bain marie 30ml d'huile de jojoba vers 70°C et je les ai versés sur mes plantes morcelées.
Je les avais hâchées au couteau et je ne pense pas qu'elles perdent leur énergie, au contraire, elles rendent ce qu'elles ont caché dans leurs cellules.
Par contre je ne les violente pas en les soumettant pendant 3 semaines à la morsure du soleil, je suis une fille des pays chauds et je sais ce que c'est de rester au soleil à attendre...
Donc une fois l'huile de jojoba refroidie, j'ai ajouté 30ml d'huile de baobab puis j'ai laissé mon pot à 3 reprises dans de l'eau très chaude sans feu dessous. Je ne me voyais pas chauffer à outrance de si jeunes tissus, les fleurs de ronces sont de très jolies choses délicates que je coupe mais que je ne chauffe pas.
N'y cherchez pas de logique, c'est très empirique mon affaire ...C'est du ressenti.
Formule de l'huile délicate au mûrier sauvage
30ml d'huile de jojoba à 70°C
30ml d'huile de baobab (Maison Dassam)
Jeunes pousses de feuilles et fleurs de ronces sauvages
Lisez ce que j'ai écrit au dessus et faites comme vous le sentez. Si vous faites comme Claudine, je sors mon Colt.
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Dans 50ml de macérat ajoutez 5 gouttes de chaque HE (Palmarosa, myrte rouge à acétate de myrtényle, santal de Calédonie, sauge sclarée)
L'huile de baobab provient de Maison Dassam, une petite entreprise dont j'adore les packagings en flaconnages de verre brun pharmaceutique.
Le stylisme des étiquettes, l'ambiance qui se dégage de ce site me parle et m'apaise.
C'est une huile extraite au Burkina Faso dont j'aime beaucoup la richesse en acide palmitique (environ 25%). Imaginez le beau savon qu'elle donnerait?
Elle pénètre relativement vite la peau mais l'adoucit vraiment de façon nette.
Le macérat et l'huile de baobab ont des odeurs prononcées qui doivent être couvertes par un parfum présent. J'ai rajouté 5 gouttes de santal en plus du mélange ci-dessus pour qu'après usage la peau reste parfumée.
Mon huile délicate est pensée comme huile de massage tonique et relaxante à la fois.
J'adore boire une tisane de feuilles de mûrier ensuite !